Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/115

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— Mais Roswell envoie le compte de tout ce qu’il a payé, et fait traite sur vous pour le paiement. Le tout s’élève à cent soixante dollars et soixante-dix cents.

— Ce n’est point là le prix de sauvetage. Il y aura ensuite une demande de prix de sauvetage pour les armateurs de l’équipage du Lion de Mer de Holmes-Hole ! Je le sais, enfant, je sais ce qui arrivera Gar’ner m’a perdu, et je descendrai au tombeau mendiant, comme mourut son père.

— S’il en était ainsi, mon oncle, il n’y a que moi qui en souffrirais avec vous, et je ferais tous mes efforts pour ne pas me laisser aller à un chagrin. Mais voici un papier que Roswell a mis, sans doute par erreur, dans la lettre qu’il m’adresse ; voyez, mon oncle ! c’est une reconnaissance signée par le capitaine Dagget et par tout son équipage, déclarant que c’est par un sentiment de bonne amitié qu’ils sont allés à Beaufort, et qu’ils ne demandent aucun prix de sauvetage. Voilà le papier, Monsieur, vous pouvez le lire vous-même.

Le diacre ne lut pas le papier, il le dévora. Cette pièce le tranquillisa tellement, que non-seulement il lut lui-même la lettre de Gardiner avec beaucoup d’attention, mais qu’il lui pardonna la dépense qu’entraînaient les réparations exigées par les avaries du vaisseau.

Les larmes que versa Marie sur la lettre de Roswell furent en même temps douces et amères car la résolution de Marie ne changeait point, et quoiqu’elle aimât Roswell, elle était toujours décidée à ne jamais être la femme de celui dont le Dieu ne serait pas son Dieu.

Cependant cette lettre, qu’elle attendait si peu, lui donnait une consolation bien douce. Roswell écrivait, comme toujours, simplement, naturellement ; il ne cachait rien, et se montrait tel qu’il était.

Les journaux donnèrent la nouvelle de l’arrivée des deux Lion de Mer jumeaux à Beaufort, pour y réparer des avaries. Marie coupa cet article dans le journal où il avait paru ; et le mit dans la lettre qu’elle avait reçue de Roswell. L’année suivante, il n’y eut pas un jour qu’elle ne relût et l’article et la lettre.