Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/188

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Quant au Lion de Mer du Vineyard, il était comme sur un banc de rochers. L’impulsion de la grande plaine de glace avait été si irrésistible, qu’elle l’avait soulevé en dehors des eaux, comme deux ou trois hommes tireraient un simple canot sur une grève. Heureusement pour le schooner, cette force, était venue d’en bas. Il en résultait que le vaisseau n’avait pas eu à supporter de grandes avaries.

— Si l’on pouvait l’enlever de là, dit Dagget, aussi facilement qu’il y a été mis, ce ne serait pas une grande affaire. Mais le voilà sur une glace qui a au moins vingt pieds d’épaisseur, et qui semble aussi dure que de la pierre.

Gardiner conseilla de faire usage de la scie pour pratiquer aux extrémités du schooner deux entailles profondes dans la glace, avec l’espoir que le poids du vaisseau viendrait en aide aux travailleurs et le ferait rentrer, comme disent tes journaux, dans son élément natal. Il n’y avait pas, en effet, autre chose à faire, et l’on suivit le conseil de Gardiner. On parvint, après de grands efforts, à pénétrer jusqu’à l’eau ; on entendit alors un craquement dans la glace ; le schooner se redressa lentement et se trouva lancé dans la mer comme s’il l’avait été d’après tous les principes de la science.

Cet heureux résultat de plusieurs heures de travaux arriva au moment où la plaine de glace se trouvait dans le centre de la baie. Hasard revenait en ce moment du volcan, et il s’arrêta pour parler aux étrangers. Il rapportait qu’en effet il y avait là un volcan, et un volcan en éruption, mais qui n’avait rien de remarquable. La stérilité et une froide grandeur caractérisaient toute cette région. Au moment du coucher du soleil, Gardiner pilota son compagnon dans le port, et les deux Lions de Mer se trouvèrent mouillés à côté de l’autre.