Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/191

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d’îles s’en trouvait entouré d’une manière qui semblait annoncer comme prochain un véritable blocus. En ce moment les vents du sud régnaient, quoiqu’il y eût des changements fréquents de température, Gardiner voyait que la passe à travers laquelle il était entré était presque entièrement fermée, et qu’on n’en pouvait sortir que par une issue qui était au nord.

Au nord, il restait donc une issue. Gardiner et Dagget pensèrent tous les deux, en jetant les yeux de ce côté, qu’il serait aisé de diriger le vaisseau de ce côté, et qu’au bout de quarante-huit heures on serait sorti des glaces. Cette vue excita quelques regrets chez les deux capitaines.

— Chaque minute, dit Dagget, a du prix pour des hommes qui se trouvent dans notre situation.

— Chaque minute a du prix pour tous les hommes, capitaine Dagget, dit Stimson avec une grande franchise de zèle et cette liberté chrétienne qui lui était ordinaire.

— Je vous comprends, Stephen, dit Dagget, et je ne veux pas vous contredire. Mais les chasseurs de veaux marins ne se préoccupent pas beaucoup ordinairement de l’observation du dimanche et des pratiques religieuses.

— On peut, Monsieur, observer partout le dimanche. Dieu est sur le rocher nu comme il est au Vineyard, et une pensée en son honneur sur cette montagne peut lui être aussi agréable que dans une église.

— Je crois qu’on aurait tort de ne pas donner aux hommes d’équipage quelques instants de repos, reprit Roswell et quoique je ne porte pas les choses aussi loin que Stimson, je suis entièrement de son avis à cet égard.

— Et vous ne croyez pas, Monsieur, que l’esprit de Dieu soit dans cette île ?

— Je le crois ; ni Dagget, ni moi, ne sommes disposés à repousser de telles opinions. S’il y a aucun endroit de la terre ou l’on soit disposé à honorer Dieu, s’écria-t-il, assurément c’est ici ! Jamais de ma vie mes yeux n’ont rien vu de si grand ni de si beau !

Notre jeune marin avait mille fois raison de s’exprimer ainsi. Il