trent bien plus tard dans les autres régions, commençaient à se manifester ici. Il est vrai qu’il n’y avait dans l’île que peu de végétation, et qu’elle ne pouvait indiquer le changement des saisons ; mais Roswell reconnaissait à d’autres signes qu’il fallait partir au plus vite.
On n’avait point cessé de chasser le veau marin, et quoiqu’on obtînt de bons résultats, on vit à la longue que l’indiscipline et la désobéissance de Macy avaient nui à l’opération. Les hommes d’équipage travaillaient cependant avec ardeur, car ils voyaient venir les longues nuits du cercle antarctique, et ils sentaient le danger, qu’ils couraient en s’attardant.
Comme nous nous sommes souvent servis du mot Antarctique, nous croyons devoir donner ici une explication.
Nous ne voulons pas dire que nos navigateurs eussent vraiment pénétré jusqu’à cette ceinture de neiges et de glaces éternelles, mais qu’ils s’en étaient approchés. Peu de navigateurs sont allés aussi loin au midi. Wilkes, il est vrai, est arrivé dans cette région, et d’autres ont eu le même succès. Le groupes d’îles que Gardiner venait de visiter était tout près de cette ligne imaginaire mais nous ne croyons pouvoir en donner la latitude et la longitude. À l’heure qu’il est, c’est encore une espèce de propriété que nous respectons. Ceux qui veulent imiter Roswell doivent comme lui découvrir les îles qu’il avait découvertes car nous avons la langue liée à cet égard. Qu’il nous suffise donc de dire que ce groupe d’îles est près du cercle antarctique, soit un peu plus au nord, soit un peu plus au midi, peu importe. Et nous continuerons d’appeler ces mers les mers antarctiques, comme les eaux qui se trouvent les plus voisines du cercle.
Roswell fut heureux de voir la fin de ses vingt jours. Le mois de mars était déjà très-avancé, et les longues nuits approchaient. Le schooner du Vineyard ne se trouvait pas encore plein, cependant, et Dagget ne pouvait marcher sans béquilles ; mais Gardiner donna l’ordre, le soir du dernier jour, de cesser la chasse du veau marin et de se préparer à partir.
— Votre parti est pris, Gar’ner, dit Dagget d’un ton suppliant, une autre semaine, et mon schooner serait presque plein.