Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/238

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jour, tout cela changea à l’instant. La glace commença à s’ouvrir, pourquoi ? c’est ce qu’on ne pouvait que conjecturer, quoiqu’on en attribuât la cause à une différence de direction entre les vents et les courants. Cela eut pour résultat de délivrer les schooners de leur prison, et ils commencèrent à se mouvoir malgré les glaces. Vers midi, on aperçut encore la fumée du volcan, et, avant que le soleil baissât, le cap le plus élevé de toutes les îles du groupe parut tout couronné de neige.

Chacun fut heureux de voir la terre, quoique celle-là fut déserte et stérile ; car c’était pour ces marins un moment de repos. La nécessité de pomper presque continuellement, c’est-à-dire une minute sur quatre, produisait son effet ordinaire, et les hommes semblaient fatigués et épuisés. Personne, à moins d’avoir assisté à la manœuvre des pompes, ne peut se faire une idée de la nature de ce travail et de la répugnance extrême qu’il excite chez les marins.

Le matin du quatrième jour, nos navigateurs se trouvèrent dans la grande baie, en dehors des glaces, à une lieue environ de la petite anse. Les schooners furent bientôt dans leur ancien port. Au moment où ils y entraient, Roswell regarda autour de lui avec regret, terreur et admiration. Il ne pouvait que regretter, en effet, d’avoir perdu tant de temps, surtout dans une telle saison. Tous les vestiges de l’été avaient disparu ; un automne froid et glacial y avait succédé. La maison était toujours la même, les piles de bois et d’autres objets placés là par la main de l’homme étaient restés comme on les avait laissés mais ces objets mêmes avaient quelque chose de plus froid, de moins utile, en apparence, que lorsqu’on les avait quittés. À la surprise générale, on n’apercevait pas un veau marin. Pour des raisons inconnues, tous ces animaux avaient disparu, ce qui mettait à néant tous les calculs secrets de Dagget. Il avait, en effet, espéré profiter de cet accident pour faire sa cargaison. Quelques-uns prétendirent que les animaux étaient allés hiverner au nord ; d’autres soutenaient qu’ils avaient été alarmés, et qu’ils s’étaient réfugies dans l’une ou l’autre des îles ; mais tous s’accordèrent à reconnaître qu’ils étaient partis. On sait qu’un veau marin