Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/241

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— Je suis charmé qu’il en soit ainsi, capitaine Dagget, reprit Roswell, car, pour vous dire la vérité, la quinzaine que nous avons perdue ou que nous perdrons avant de pouvoir mettre à la voile, a produit un grand changement dans le temps. Les jours diminuent avec une effrayante rapidité, et la baie est déjà couverte, ce matin, comme d’une crème de glace. Le vent l’a enlevée ; mais regardez autour de vous, dans cette anse, un enfant pourrait marcher sur la glace qui est près de ces rochers.

— Il n’y en aura plus à la nuit, et les deux équipages seront prêts en vingt-quatre heures. Courage, Gar’ner, nous sortirons des montagnes de glace dans le courant de la semaine.

— J’ai moins peur des montagnes dont vous parlez que de la glace nouvelle ; les îles de glace flottent en ce moment vers le Nord ; mais chaque nuit devient plus froide, et les plaines de glace semblent se rapprocher du groupe d’îles au lieu de s’en éloigner.

Dagget chercha à encourager son compagnon, mais Roswell fut très-heureux, lorsqu’au bout de vingt-quatre heures le schooner du Vineyard se trouva prêt. Gardiner pensait qu’il fallait mettre immédiatement à la voile ; mais Dagget fit, à cet égard, plusieurs objections. D’abord, il n’y avait point de vent, et quand Roswell proposa de conduire les deux schooners au milieu de la baie, on répondit que les équipages avaient beaucoup travaillé pendant plusieurs jours, et qu’ils avaient besoin de repos. Le résultat qu’on pouvait obtenir en s’avançant dans la baie était de sortir de cette croûte de glace qui se formait toutes les nuits près de la terre, mais qui était rompue et emportée par les vagues dès que le vent recommençait à souffler. Tout ce que voulait Roswell était de conduire son schooner à une lieue de l’anse. Il croyait qu’il était facile d’y parvenir en quelques heures, et, s’il y avait du vent, beaucoup plus vite. Cette explication satisfit les marins. Roswell Gardiner se sentait débarrassé comme d’un lourd fardeau quand son schooner eut quitté le rivage. Une chaloupe remorquait doucement le schooner d’Oyster-Pond et l’aidait à sortir de l’anse. Au moment où il passait devant le schooner du Vineyard, Dagget était sur le pont. Il souhaita le bonsoir à