Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/261

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tions auraient annoncé le printemps. Il n’en était pas ainsi, sur la terre des chasseurs de veaux marins. Aussi longtemps qu’on était au milieu de l’hiver et que la rigueur du froid restait la même, en suivant un système de précaution adapté à une telle région, tout s’était assez bien passé, et les désastres qu’on avait éprouvés se bornaient à quelques joues et à quelques nez gelés, ce qui était surtout le résultat d’imprudences.

Il était tombé une grande quantité de neige, assez pour couvrir la terrasse, et intercepter la communication qui existait avec le navire naufragé et la maison. Le vent était fort et rendait le froid encore plus pénétrant. Le thermomètre variait beaucoup, s’élevant quelquefois au-dessus de zéro, quoique tombant quelquefois au-dessous. Il y avait eu en septembre et octobre plusieurs orages traînant à leur suite toutes les rigueurs de l’hiver. Le froid sec, presque toujours supportable, qu’on avait eu jusque-là, avait été suivi par des orages qui étaient quelquefois humides, quoique plus souvent d’un froid intense.

D’énormes glaçons étaient suspendus au toit de la maison, et formaient comme une chaîne de glace qui allait jusqu’au sol.

Roswell avait été forcé de couper les œuvres hautes de son propre schooner pour se procurer le bois sans lequel son équipage serait mort de froid. On ne reconnaissait l’endroit où se trouvait le schooner d’Oyster-Pond qu’à une haute montagne de neige à laquelle il avait servi comme de barrière au moment où, cédant à l’impulsion du vent, elle allait à la dérive ; mais presque toute la partie du schooner qui était en dehors de l’eau, planches, pont, avait été mise en pièces et portée dans la case pour alimenter les poêles.

Pour mieux mettre en lumière l’opiniâtreté de l’autre équipage, Dagget avait été forcé d’en faire autant. Une grande partie de son bien-aimé navire avait disparu dans la cambuse, et l’on ne pouvait se borner là. Cette destruction de son vaisseau, à laquelle il se trouvait forcé, ne faisait qu’accroître son opiniâtreté. Il se cramponnait au dernier débris de ce malheureux navire comme à sa dernière espérance. Ce navire, disait-il, était à lui et à son équipage, tandis que l’autre vaisseau appartenait aux gens d’Oys-