Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/262

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ter-Pond. Chacun n’avait de droit qu’à ce qui lui appartenait. C’était son opinion, et il agissait en conséquence. Le bois s’épuisait. Roswell avait cherché à faire du feu avec de l’huile pour remplacer le bois dans la cuisine, et il avait réussi à cuire ainsi la plupart des aliments. Pendant un jour entier, on avait débattu, en conseil général, si les deux chaloupes baleinières seraient brûlées avec leurs rames avant qu’on en vînt à attaquer le schooner lui-même.

— Si nous brûlons d’abord les chaloupes, dit le maître timonier et qu’en définitive il nous faille en venir au schooner, comment sortirons-nous de ce groupe d’îles ? Ces chaloupes, comme bois de chauffage, ne nous dureraient pas une semaine ; lorsque le temps serait le moins rigoureux ; mais elles pourraient nous conduire à quelque terre chrétienne, même après que le Lion de Mer aurait été réduit en cendres. Je commencerais d’abord par les œuvres hautes du schooner, en réservant les espars, quoiqu’ils dussent brûler mieux. Ensuite je scierais le ton du mât, les baux, les ponts, les petits baux, tout jusqu’à un pied de l’eau ; mais je ne toucherais à rien au-dessous du cuivre, par la raison suivante : à moins que le capitaine Dagget ne se décide à brûler son propre vaisseau, nous aurons encore assez de matériaux, au printemps prochain, pour rétablir le pont de notre pauvre schooner et le rendre encore plus propre à la traversée que nos chaloupes. Telle est mon opinion, Monsieur.

Il fut décidé qu’on suivrait cette ligne de conduite. On enleva toutes les œuvres hautes du schooner, et l’on empila le bois dans la case. On vit bientôt qu’il fallait encore y mettre la plus grande économie, et qu’on pourrait être forcé d’en venir à la cale du vaisseau. Quant au schooner, ou ce que les hommes d’équipage appelaient ainsi, on en avait tiré tout ce qu’on avait pu. On avait transporté dans la maison l’huile gelée, et l’on s’en servait pour le chauffage et l’éclairage. On obtenait beaucoup de chaleur en faisant d’énormes mèches qu’on plaçait dans des vases contenant de l’huile, quoique cela fût loin de suffire pour réchauffer les hommes d’équipage pendant les temps les plus rigoureux.