Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/304

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well. Nous avons rapporté une bonne quantité de peaux, assez pour payer tous les salaires des hommes d’équipage, pour vous rendre jusqu’au dernier cent que l’équipage du schooner vous a coûté, sans parler d’une assez forte somme. Notre cargaison en peaux ne peut pas valoir moins de vingt mille dollars, outre ce que nous avons laissé dans l’île, et qu’un autre vaisseau peut aller chercher.

— C’est quelque chose ; que le Seigneur soit loué ! s’écria le diacre. Quoique l’on puisse regarder le schooner comme perdu, et que les frais aient été énormes, j’ai presque peur d’aller plus loin. Gar’ner, dites-moi… Je deviens très-faible !… Vous êtes-vous arrêté ?… Marie, je voudrais que vous fissiez la question.

— Je crains que mon oncle ne veuille vous demander si vous vous êtes arrêté devant la plage des Indes occidentales, suivant vos instructions, Roswell ?

Marie dit ce peu de mots, malgré elle, car elle voyait bien qu’il était temps pour son oncle de ne plus penser aux choses de cette vie.

— Je n’ai rien oublié de vos ordres, Monsieur, reprit Roswell ; c’était mon devoir, et je crois l’avoir accompli à la lettre.

— Attendez, Gar’ner, interrompit le mourant, encore une question pendant que j’y pense. Les hommes du Vineyard n’auront-ils à faire valoir aucun droit de sauvetage à l’égard de ces peaux ?

— Certainement non, Monsieur. Ces peaux sont à nous. Il y a des peaux qui appartiennent aux hommes du Vineyard ; celles-là sont entassées dans votre maison, où nous les avons laissées.

— Mais, Gar’ner, il nous reste à parler de notre grande affaire. Voulez-vous qu’on sorte de la chambre avant que nous en parlions ? — Et le diacre s’efforça de rire encore. Il ne resta dans la chambre que le malade, Marie, Roswell et la garde, qu’il était impossible d’expulser, et qui se croyait le droit de savoir tous les secrets de famille.

— La porte est-elle fermée ? dit le diacre d’une voix tremblante, car la vivacité de ses émotions, jointe à sa faiblesse, agitait tout son corps. – Marie, ayez soin que la porte soit bien