Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/313

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mois, je nomme ma dite nièce Marie Pratt seule exécutrice de mon testament.

« Je conseille à ma dite nièce Marie Pratt d’épouser le dit Roswell Gardiner ; mais je ne mets aucune condition à cet avis, voulant laisser ma fille adoptive tout à fait libre de faire ce qui lui conviendra le mieux. »

L’acte était parfaitement en règle, et l’on ne pouvait en contester la validité. Marie était à la fois émue et embarrassée. Elle avait toujours été si désintéressée, qu’elle ne pouvait s’habituer à regarder comme sienne la fortune de son oncle.

Nous renonçons à décrire le désappointement des autres parents du diacre ; qu’il nous suffise de dire qu’ils ne laissèrent pas une épingle de ce qu’ils avaient le droit d’emporter.

Les deux sermons que le ministre Whittle prêcha le dimanche suivant furent les plus mauvais qu’il eût jamais prêchés.

Le lendemain du jour où Roswell put agir légalement comme exécuteur testamentaire du diacre Pratt, il épousa Marie, et devint propriétaire de tous ses biens par courtoisie, suivant la loi américaine d’alors, loi qui a maintenant changé.

Un des premiers actes des jeunes mariés fut de faire un bon usage de l’argent trouvé au pied d’un arbre sur la plage dont il a tant été question. Il y avait un peu plus de deux mille dollars. Comme il parut impossible d’en retrouver les légitimes propriétaires, les doublons furent partagés aux familles de ceux qui avaient perdu la vie sur la terre des Veaux Marins. Les parts ne furent pas, il est vrai, considérables, mais elles firent quelque bien à deux ou trois veuves et à des sœurs qui n’avaient plus de protecteurs dans ce monde.

Roswell voulut que le Lion de Mer, auquel on fit toutes les réparations nécessaires, entreprît un nouveau voyage, sous le commandement de Hasard, pour aller chercher l’huile et les peaux qu’il avait laissées dans l’île. Ce voyage fut court et heureux, et l’argent produit par la vente de ces articles, Roswell le consacra à indemniser de leurs pertes plusieurs de ceux qui avaient eu le plus à en souffrir.

Quant à Roswell et à Marie, ils eurent toute raison d’être