Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/100

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penser qu’à une chose : au moyen inespéré qui se présentait de quitter le Récif pour voler auprès d’elle !

Bob prenait les choses plus philosophiquement. Il s’était mis dans la tête de « Robinsonner » pendant quelques années, et son parti en était pris. Sans doute il eût préféré que le canot fût plus grand, mais il n’aurait pas eu la moindre objection à ce que la pinasse fût réduite au quart de ses dimensions actuelles. Cependant Marc avait prononcé, il se soumit avec son humilité et son empressement ordinaires. Marc ne voulait pas même attendre un temps plus frais pour se mettre à l’œuvre, et Bob lui prêta son aide, sans se permettre de remontrances.

Mais le soleil qui n’avait pas été consulté, vint déranger un peu ces beaux projets. La chaleur était si intense, pendant la plus grande partie du jour, que tout travail devenait impossible si les travailleurs ne se construisaient un abri. La carcasse de la pinasse ne pouvait être montée que près de l’eau pour qu’il fût possible ensuite de la mettre à flot. Or, sur la côte, il n’y avait d’ombre nulle part ; il fallait donc aviser aux moyens de s’en procurer. Marc, dont l’impatience ne connaissait plus aucun retard, s’en occupa sur-le-champ.

Il fallait d’abord choisir remplacement du nouveau chantier, et, après mûre délibération, il fut décidé que ce serait la pointe occidentale du Récif. Sans doute c’était ajouter beaucoup à la peine, puisqu’il faudrait y transporter tous les matériaux et que la distance était de plus d’un mille. Mais la configuration particulière du rocher sur ce point offrait plus de facilité que partout ailleurs pour la mise à l’eau. C’était déjà une considération importante ; il en était une autre plus décisive encore à la forme de la base extérieure de la montagne volcanique, à la surface généralement lisse du Récif qui, malgré ses nombreuses inégalités, semblait avoir reçu une sorte de poli par suite d’invasions périodiques de la mer, à d’autres signes assez manifestes qui se rencontraient jusque dans la partie inférieure de la plaine du Cratère, il semblait évident que la masse tout entière du Récif, le Cratère excepté, avait été souvent envahie par les eaux de l’Océan, et