Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/102

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courage, pouvaient consacrer au travail, même lorsqu’il ne s’agissait que d’établir une sorte d’appentis. Il fallut d’abord percer huit trous dans la lave, à une profondeur de deux pieds. C’est un ouvrage qui aurait pris plus d’un an, si Marc n’avait eu l’idée de faire usage de la poudre à canon. Il jeta une petite quantité de poudre dans la trouée que la pince avait faite ; la lave éclata, et les pierres furent alors détachées facilement à l’aide de pioches et de leviers. On peut se faire une idée des peines que durent se donner les deux travailleurs infatigables par cette circonstance qu’un grand mois fut nécessaire pour dresser les huit poteaux. Mais du moins l’ouvrage avait été exécuté avec cette conscience et ce soin minutieux que les marins mettent à tout ce qu’ils font ; et quand ils furent en placé, ils remplissaient parfaitement leur destination. À l’extrémité de chaque poteau fut amarré un palan à l’aide duquel la voile fut hissée en place. Pour empêcher qu’elle ne fasiât, ce qui n’eût pas manqué d’arriver dans une tente de cette dimension, plusieurs bois droits furent placés au centre pour lui servir de support, mais sans qu’il fût nécessaire de les enfoncer dans le roc.

Bob était dans le ravissement de son nouveau chantier de construction : il avait toute la dimension de la grande voile d’un navire de quatre cents tonneaux, assurait un ombrage complet, et avait en outre l’avantage de laisser circuler la brise. Marc n’était pas moins content du résultat, et dès le lendemain il s’occupa de poser la quille sur le chantier.

Ce jour-là fut mémorable à un autre point de vue. Bob était monté au Sommet pour chercher un outil qu’il y avait laissé en dressant le pavillon et en donnant un coup d’œil sur les plantations, il s’aperçut que les melons commençaient à mûrir. Il en rapporta trois ou quatre, et Marc put se convaincre, en savourant ces fruits délicieux, que le ciel avait béni ses efforts et sa persévérance. Sans doute il était prudent de n’en faire usage qu’avec modération ; mais quelle ressource inespérée, quel régal pour de pauvres solitaires qui ne vivaient depuis si longtemps