Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/121

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pour recevoir l’eau de pluie. C’était un abreuvoir où Kitty, qui faisait de fréquentes visites au bâtiment venait se désaltérer. Il le trouva plein d’eau, comme il s’y attendait, et ôtant la chemise qu’il portait depuis si longtemps, il entra dans le baquet. Il y resta quelques minutes seulement malgré le plaisir qu’il y trouvait, craignant qu’un bain trop prolongé ne lui fût nuisible, et lorsqu’il en sortit le malade était un autre homme. Après être resté si longtemps confiné dans le même lit, en proie à la fièvre, sans pouvoir changer de linge une seule fois, se trouver enfin rafraîchi, purifié, c’était une sensation délicieuse à laquelle l’esprit ne pouvait manquer de participer aussi bien que le corps. Sa toilette achevée, il regagna sa couche d’un pas qui n’était pas encore très-assuré ; puis, quand il fut dans son lit, il prit encore une bouchée de biscuit, quelques gorgées de sa boisson bienfaisante, et mettant la tête sur son traversin, il tomba bientôt dans un profond sommeil.

Le soleil allait se coucher au moment où il était entré dans sa petite chambre, et il faisait grand jour quand Marc ouvrit les yeux pour la première fois. Il avait donc dormi plus de douze heures sous l’action bienfaisante du bain et du peu de nourriture qu’il avait prise. Le premier son qu’il entendit, ce fut le bêlement de Kitty qui passait sa tête à la porte. La pauvre Kitty avait visité tous les jours la cabine, et elle se trouvait auprès du malade au moment où Marc était dans le délire de la fièvre ; on eût dit que dans cet instant elle venait savoir de ses nouvelles. Marc lui tendit la main, et parla à sa compagne qui, pour lui répondre à sa manière et comme si elle comprenait son langage, accourut lui lécher la main. Délaissé comme il l’était, Marc trouva un grand charme dans cette preuve d’affection, même de la part d’une pauvre bête.

Marc se leva alors, très-content de sa personne. Il vida son verre et finit son biscuit, puis il prit un second bain qui ne lui fit pas moins de bien que son déjeuner. Pendant toute la journée il ne se départit pas de son régime de prudence et de modération. Un biscuit et deux ou trois verres d’eau et de vin sucrés,