Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/144

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de rochers, de récifs, de bancs de sable, qui avaient surgi de toutes parts. Cette transformation était trop étendue pour ne pas sembler devoir être durable, et Marc conçut l’espoir que tous les biens si précieux qu’il tenait de la bonté de la Providence lui seraient conservés. Seulement il s’était opéré un changement immense dans sa situation. Il n’en était plus réduit à l’usage de son bateau pour ses excursions ; il pouvait se promener, des heures, qui sait ? peut-être des jours entiers à pied sec, sur les bancs, les collines, les promontoires, qui venaient de se former. Les limites de ses domaines s’étaient tellement reculées, que c’était comme un nouveau monde qui s’ouvrait à ses ardentes recherches.

Le Cratère paraissait être le centre de cette nouvelle création. Du côté du sud seulement, l’œil ne pouvait pénétrer à plus de deux ou trois lieues. Un nuage épais et brumeux s’étendait dans cette direction, enveloppant et confondant ensemble la mer et le firmament. Cependant Marc était convaincu qu’au milieu de ce brouillard, sur un point plus ou moins rapproché, les forces cachées de la terre intérieure s’étaient frayé une autre issue. La science de la géologie était, comparativement, encore dans l’enfance ; mais Marc en avait pourtant appris assez pour chercher à se rendre compte de ce qui était arrivé. Il supposa qu’à cet endroit il s’était dégagé des feux internes assez de gaz pour ouvrir des crevasses au fond de l’Océan ; que l’eau, s’infiltrant par ces crevasses, avait produit une masse prodigieuse de vapeur qui avait soulevé tous ces rocs et causé le tremblement de terre. En même temps les feux internes avaient agi de concert ; et, suivant une ouverture, ils étaient arrivés assez près de la surface pour se frayer un passage et former ainsi ce nouveau cratère dont l’existence, d’après tous les signes qui se manifestaient dans la direction du sud, était aussi évidente pour Marc que s’il l’avait vu de ses propres-yeux.

Cette théorie pouvait être vraie, en totalité ou en partie, comme elle pouvait être erronée. Il existe tant d’effets extraordinaires qui se produisent sous tant de formes inattendues,