Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/157

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la terminait avait du côté du vent, à son extrémité, un promontoire qui s’avançait considérablement dans la mer. L’entrée, comme la sortie, était facile, et le promontoire était assez élevé sur un point pour servir d’indicateur.

Par suite de la grande quantité de sable et de limon qui avait été mise en mouvement par l’éruption, l’eau douce ne manquait pas, et Marc trouva même un petit ruisseau, d’une limpidité admirable, qui allait se jeter dans l’anse où il avait amarré l’embarcation. Il le remonta pendant deux milles, et arriva à un confluent où venaient aboutir une douzaine de sources s’échappant d’un banc de sable de plusieurs milles de long. Ce banc était-il de formation récente ? c’est ce qu’il n’était pas facile de reconnaître à la première vue. Que la lave ait été vomie depuis des siècles, ou qu’elle soit le produit d’une éruption récente, elle offre le même aspect ; et sans les dépôts de vase, les débris de poissons, les amas d’herbes marines encore fraîches, et les étangs d’eau salée qui n’étaient pas encore desséchés, Marc eût pu se croire au milieu d’une nature qui n’avait subi aucune altération.

La soirée commençait à peine, quand notre ami s’agenouilla sur le sable, près de son bateau, pour se mettre une dernière fois en communication directe avec son Créateur avant de s’endormir. Nous disons une dernière fois ; car bien souvent, dans la journée, soit sur le pont de son bâtiment, soit à l’ombre de ses plantations, il avait de ces entretiens solennels. Son sommeil n’en était pas plus mauvais lorsqu’il avait ainsi recommandé son âme à Dieu, puisant dans la prière des forces toujours nouvelles pour de nouvelles épreuves. Il ne priait pas longtemps de suite, mais tout son cœur passait sur ses lèvres lorsqu’il récitait le modèle sublime de toutes les prières, tel qu’il nous a été donné par le Christ lui-même.

Deux heures avant le jour, Marc était levé, et il appareilla aussitôt. Par un temps favorable, la Brigitte filait cinq nœuds à l’heure. Avec un bon vent, elle pouvait aller à sept, mais sa marche au contraire était considérablement réduite, dès que