Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/161

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c’était un article dont il commençait à devenir avare, tant il avait crainte d’en manquer. Il apprêta donc un rôti de gibier délicieux, qu’il entoura d’une botte de plantain ; il avait dans son sac du biscuit de mer et une bouteille de rhum et nous rougissons presque de dire quel honneur notre héros fit au festin. Il n’y manquait rien qu’une douce et intime causerie. Oui, en savourant ce repas solitaire, si succulent en lui-même, mais auquel toute une journée de fatigue donnait plus de saveur encore, Marc était tenté de se dire que, pour un paradis comme celui qu’il avait devant les yeux, il renoncerait sans peine à tout le reste de l’univers, pourvu qu’il eût une Ève auprès de lui, et que cette Ève fût Brigitte !

L’élévation de la montagne rendait l’air plus frais et plus agréable qu’il ne le trouvait sur le Récif ; et en le respirant, il éprouvait comme une sorte de douce ivresse. Oh ! que n’avait-il là un compagnon pour la partager ! c’était la pensée qui revenait sans cesse à son esprit. Qu’il était loin de s’imaginer qu’il fût alors si près d’un de ses semblables, et que le plus cher désir de son cœur était au moment de se réaliser !

Mais l’incident auquel nous faisons allusion fut trop inattendu et trop important pour ne pas mériter un chapitre spécial.





CHAPITRE XIII.


Patriarcales mœurs de la vieille Angleterre
Le soir, au coin du feu, par des contes charmants,
Le père, en tisonnant, amuse ses enfants ;
Le dernier-né sourit dans les bras de sa mère
Les deux époux, heureux comme le premier jour,
Échangent en secret un long regard d’amour.

Mistress Hemans



Le Pic, ou la partie la plus élevée de l’île, était à l’extrémité septentrionale, à deux milles du bouquet d’arbres sous lequel Marc Woolston avait fait son splendide repas. Bien diffé-