Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/175

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Marthe Waters était devenue « les os de ses os et la chair de sa chair. » Elle avait avec elle sa jeune sœur, Jeanne Waters, qui avait voulu partager leur sort.

Toutes les mesures avaient été si bien prises que nos aventuriers, au nombre de neuf, mirent à la voile sans rencontrer le moindre obstacle. Pendant la traversée, la mer seule pouvait en présenter, mais elle prit en pitié la petite troupe, qu’elle déposa saine et sauve à Panama, cinq mois, jour pour jour, après son départ de New-York. Le même brick qui avait amené Bob allait repartir pour les mêmes parages. Nos passagers furent reçus à bord sans difficulté. Avant de quitter Panama, ils avaient fait une nouvelle recrue : c’était un jeune charpentier américain nommé Bigelow, qui avait déserté son bord, il y avait un an, pour épouser une jeune Espagnole, et qui ne pouvait supporter le genre de vie qu’il menait à Panama. Il s’embarqua avec sa femme et un petit enfant, avec promesse de rester au service des Heaton pendant deux ans, moyennant une somme convenue.

De Panama à l’île aux Perles, la traversée fut longue, sans être pénible. En soixante jours, nos voyageurs étaient débarqués avec tous leurs effets. La cargaison comprenait deux vaches, un jeune taureau, deux poulains d’un an, quelques chèvres, et un assortiment d’instruments d’agriculture, qui ne se trouvaient pas au nombre de ceux destinés par l’Ami Abraham aux naturels de Fejee. À l’île aux Perles, Bob retrouva les amis qui l’avaient si bien accueilli à son passage. Il leur avait apporté des présents convenables, et il ne fut pas difficile de conclure un arrangement avec eux pour qu’ils les transportassent avec tout ce qu’ils avaient apporté, aux îles de Betto, distance de plus de trois cents milles. Les chevaux et les vaches furent placés sur un catamaran, espèce de grand radeau fort en usage dans ces mers tranquilles.

Aux îles de Betto, il trouva la Neshamony exactement dans l’état où il l’avait laissée. Après l’espèce de culte dont elle avait été l’objet, aucune main n’avait touché même à un seul cordage, aucun pied ne s’en était approché pendant son absence.