Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/210

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c’était tout ce qu’il était possible de réunir. Marc faisait tous ces calculs, pendant que Peters lui traduisait, phrase par phrase, les communications d’Uncus et de sa sœur.

Il était indispensable de prendre une prompte résolution. Il ne pouvait plus être question d’aller à l’île Rancocus, et d’ailleurs le but principal du voyage était atteint, puisque Peters avait retrouvé sa gentille petite Peggy. Les porcs qu’on devait transporter dans cette île, furent laissés sur la plage du volcan, où la mer leur jetterait quelque pâture ; et l’on décida qu’il fallait retourner au Pic au plus vite. Il ne restait qu’une heure de jour lorsque la Neshamony appareilla. Favorisée par les vents alizés qui soufflaient assez vivement dans ce détroit, l’embarcation, quoiqu’elle remorquât la pirogue, venait se ranger sous les rochers sourcilleux quelque temps avant la réapparition du jour. Au moment où le soleil se levait, elle était à la hauteur de l’Anse Mignonne, dans laquelle elle se hâta d’entrer. Le gouverneur tremblait qu’on ne vît ses voiles des canots de Waally, longtemps avant qu’il pût voir lui-même les canots, et il lui tardait de se trouver à l’abri des regards.

Le retour si prompt et si inattendu de la pinasse causa une grande surprise dans l’Éden. Personne ne l’avait vue entrer dans l’Anse, et Marc était à la porte de l’habitation avant que Brigitte soupçonnât son arrivée. Il n’eut rien de plus pressé que d’envoyer Bigelow sur le Pic avec une longue-vue pour regarder après les canots, tandis qu’au moyen d’une conque on rappelait en toute hâte Heaton qui était dans les bois. Au bout de vingt minutes le conseil était assemblé ; et, tout en délibérant, les hommes s’occupaient à réunir et à préparer leurs armés. Peters et Jones reçurent ordre de descendre au magasin pour y prendre des munitions, puis de courir aux batteries pour charger les caronades.

On ne fut pas longtemps sans nouvelles de Bigelow. Sa femme l’avait accompagné, et elle accourut, hors d’haleine, annoncer que l’Océan était couvert de canots et de catamarans, et que la flotte n’était plus qu’à trois lieues de l’île. Cette nouvelle, toute