Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/214

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lui écrivit un billet pour la mettre sur ses gardes et lui dire d’avoir toute confiance en Uncus. Junon savait toute l’histoire de Peters et de Peggy, à laquelle elle avait pris beaucoup d’intérêt ; et, en apprenant que l’Indien était le frère de Peggy, elle n’en serait que plus disposée à se laisser guider par lui.

Dès que cet important billet fut écrit, Uncus descendit au bord de la mer. Il était accompagné de Marc, de Peters et de Peggy ; le premier, pour lui donner ses instructions, les deux autres pour servir d’interprètes. La sœur prenait un vif intérêt à l’entreprise de son frère, non pas qu’elle ressentît cette inquiétude qu’une Européenne aurait éprouvée à sa place ; elle était fière au contraire qu’un individu de sa race pût, à peine arrivé, se rendre utile à ses compatriotes. Ses derniers mots à son frère furent pour lui recommander de bien se maintenir au vent, afin que, lorsqu’il approcherait de l’embarcation, il y fût naturellement porté par la lame.

Le jeune Indien fut bientôt prêt. Il plaça le billet dans ses cheveux, et on le vit bientôt glisser sur l’eau avec l’aisance, sinon avec la rapidité d’un poisson. Peggy frappa dans ses mains pour témoigner sa joie ; puis elle courut avec Peters à la batterie, où il était urgent qu’il reprît son poste. Marc remonta au Pic par l’Escalier, qu’il gravit d’un pas rapide. Et, soit dit en passant, cette montée, autrefois si pénible, n’était plus qu’un jeu pour lui. L’exercice avait assoupli tous ses muscles ; et, maintenant, ce chemin qu’il avait eu peine à faire en ayant les mains libres, il le franchissait en moitié moins de temps en portant de lourds fardeaux. Il en était de même de tous les colons ; hommes et femmes, qui commençaient à courir sur les rochers comme autant de chamois.

À son retour sur le Pic, le gouverneur vit que le moment de la crise approchait. Les canots étaient à moins d’une lieue de l’île, et l’on voyait les pagaies frapper l’eau en mesure pendant qu’ils s’approchaient en lignes serrées. Jusqu’alors ils n’avaient pu voir la voile de la Didon, qui était à cinq milles de l’extrémité septentrionale dé l’île, tandis que la flotte en était à la