Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/230

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vous rappelez toute la peine que vous vous êtes donnée pour amener cet heureux résultat.

— Certes oui, Monsieur, je regarde les femmes comme quelque chose ; et…

— Ohé ! le bâtiment ! cria une voix en bon anglais, et avec l’intonation particulière aux marins.

Ce cri partait de la côte de l’île la plus voisine du Récif, de l’endroit où les deux terres étaient unies par le pont.

— Dieu sauveur ! s’écria Betts, qu’est-ce que cela signifie, gouverneur ?

— Je connais cette voix, dit aussitôt Marc : et vraiment, il me semble reconnaître… Ohé qui hèle le Rancocus ?

— Ce bâtiment est-il donc le Rancocus ? demanda la voix.

Le Rancocus en personne mais vous, n’êtes-vous pas Bill Brown le charpentier du bord ?

— Lui-même. Dieu vous assiste, monsieur Woolston, car je reconnais bien votre voix. Je suis Bill, enchanté de vous retrouver ici. J’ai soupçonné à moitié la vérité, lorsque j’ai aperçu les mâts du bâtiment, et pourtant hier j’avais bien peu d’espoir de jamais rien revoir du vieux Rancocus. Pouvez-vous me faire traverser ce détroit, Monsieur ?

— Êtes vous seul, Bill, ou quels sont vos compagnons ?

— Nous sommes deux, Monsieur, seulement, Jim Wastles et moi. Neuf d’entre nous se sont sauvés sur la chaloupe ; Hillson et le subrécargue sont morts tous les deux avant de toucher terre, et nous sommes encore sept vivants, dont deux ici.

— N’avez-vous avec vous aucun de ces moricauds ?

— Aucun, Monsieur. Voilà deux heures que nous leur avons brûlé la politesse : aussitôt que nous avons aperçu les mâts du bâtiment, nous nous sommes décidés à décamper au plus vite. Encore une fois, monsieur Woolston, n’ayez aucune crainte pour cette nuit, ils sont à des milles et des milles d’ici, sous le vent ; enchevêtrés dans les courants, dont ils ne parviendront pas à se tirer de la nuit. Par exemple, vous entendrez parler d’eux demain matin. Jim et moi, nous avons commencé par courir