Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/245

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C’est une question qui a longtemps occupé les moralistes, de savoir si le bien et le mal reçoivent dès ce monde leur récompense ou leur châtiment. Il serait aussi dangereux de se prononcer dans un sens que dans l’autre sur cette question si controversée. Au lieu de renvoyer toute espérance et toute crainte à l’autre vie, ou de les concentrer dans celle-ci ne vaut-il pas mieux régler notre conduite comme si elle devait influer sur le présent comme sur l’avenir ?

S’il est vrai que — les fautes des parents retombent sur les enfants, jusqu’à la troisième et la quatrième générations, — s’il est vrai que — la postérité de l’homme de bien n’a jamais été vue quêtant son pain — il y a donc lieu de penser qu’une partie de nos fautes reçoit sa punition sur la terre. Et nous n’en avons pas de meilleure preuve que ce qui arrive chaque jour sous nos yeux : une vie droite et basée sur des principes sévères apporte avec elle plus de bonheur qu’une vie différente ; et si, malgré toutes les ruses et tous les expédients de la cupidité, l’honnêteté, comme on dit, est après tout, la meilleure politique, de même c’est la vertu qui assure le plus infailliblement notre bonheur ici-bas, en même temps qu’elle nous met sur la route de la félicité future.

Tout l’équipage de l’Abraham avait entendu parler d’Ooroony et de ses précieuses qualités. C’était en effet sa bonté qui avait été la cause de sa chute ; car s’il avait chatié Waally, comme celui-ci le méritait, alors que le pouvoir était dans ses mains, ce chef turbulent, qui était né son tributaire, n’aurait jamais pu s’élever assez haut pour lui faire craindre de devenir bientôt son maître. Tous les hommes du bord se pressaient contre le vieux chef, qui entendait autour de lui leurs assurances de respect et d’attachement, et leurs promesses de le soutenir contre son ennemi. Après cette scène touchante, Marc tint conseil sur la dunette : on discuta sur les relations des îles entre elles, ainsi que sur les besoins et les dangers d’Ooroony.

Dans les nations civilisées et les gouvernements populaires, aussi bien que dans ces îles éloignées et sauvages, l’ascendant