Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/253

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taient les premiers mouvements qu’eût faits le Rancocus depuis l’éruption.

Au moment où le gouverneur pensait que le Rancocus était enfin sorti de sa prison, le bâtiment toucha de l’arrière. En examinant sa position, il vit que le talon de la quille était sur la pointe d’un roc, et qu’à une brasse de distance, à droite et à gauche, la mer était libre. Heureusement la tenue était légère, et avec deux ancres dans les bossoirs, le Rancocus put effectuer son passage. De grandes acclamations célébrèrent le succès de l’entreprise, et l’air retentit du cri de « Laisse aller. »

Le même jour le navire fut halé le long du Récif, puis amarré aussi sûrement que s’il eût été devant les quais du port de Philadelphie.

Ce fut alors le tour des calfats. Lorsque le bâtiment fut calfaté et regratté, on lui donna une couche de peinture, puis ses agrès réparés furent remis en place, ses mâts et ses vergues dressés, et toutes ses voiles soigneusement examinées. Un tiers des futailles, remplies d’eau douce, fut descendu dans la cale, comme lest, et tous les ustensiles nécessaires au voyage furent portés à bord. On songea aussi aux provisions. Quelques, bœufs et quelques porcs furent immolés et embarqués, les soutes au pain abondamment garnies ; enfin on mit à bord de quoi nourrir l’équipage jusqu’à un port civilisé. Le gouverneur était si embarrassé sur la question de savoir comment il composerait l’équipage, qu’il envergua même les voiles avant de réunir de nouveau le conseil. Mais il n’y avait plus de remise possible. Bob était revenu depuis longtemps avec la nouvelle qu’une grande quantité de bois de sandal avait été apportée à la côte, les deux camps des Indiens ayant travaillé avec une ardeur incontestable. En moins d’un mois, le Rancocus pouvait avoir reçu sa cargaison, et mettre à la voile pour l’Amérique.

Le conseil était assemblé, lorsque, à l’étonnement général, Brigitte y parut, et annonça sa détermination de demeurer au Récif, tandis que son mari conduirait le Rancocus à ses armateurs, elle savait, disait-elle, quel était son devoir, et l’accom-