Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/270

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Le capitaine Saunders ne put guère en apprendre au gouverneur plus que celui-ci n’en voyait de ses propres yeux. Toutefois un fait important qu’il s’empressa de lui communiquer, c’est que Marc, au lieu d’être au vent du Cratère en était alors sous le vent, les courants ayant porté le Rancocus plus à l’ouest qu’on ne croyait. Le bâtiment eût abordé à l’île Rancocus au lever du soleil, s’il eût persisté dans la direction qu’il suivait lorsqu’il aperçut la Sirène.

Marc fut bientôt rassuré sur ce qui lui importait le plus, sur le sort des femmes de la colonie. Elles étaient toutes au Pic, qu’elles n’avaient point quitté depuis six mois, alors que la mort du bon Ooroony avait rendu à Waally toute sa puissance. Aussitôt après la mort de son père, le fils d’Ooroony avait été renversé, et Waally n’avait tenu aucun compte de l’espèce d’anathème religieux prononcé contre quiconque approcherait du brick, assurant à son peuple qu’il ne pouvait avoir aucune importance, lorsqu’il s’agissait de Blancs. Ce fut en promettant le pillage de tout ce que les colons possédaient, ainsi que des trésors de fer et de cuivre qu’on trouverait sur leurs navires, que Waally parvint à reprendre son autorité. Toutefois la guerre ne s’alluma point aussitôt que Waally eut révolutionné les îles en sa faveur. Au contraire, en politique habile, il combla les colons de protestations d’amitié, leur peignant ses actes comme nécessaires au bien de ces îles ; il avait fait d’immenses provisions de bois de sandal, qu’il permettait de transporter au Cratère, ou une cargaison entière était déjà arrivée ; en un mot, il n’était pas de démonstrations amicales qu’il ne fît pour tromper la vigilance des colons. Personne au Cratère ne s’attendait à une invasion ; mais on s’apprêtait à la réception de Marc, dont le retour était attendu d’heure en heure, depuis une quinzaine de jours.

La Sirène avait pris aux îles de Betto une grande quantité de bois qu’elle avait déchargée au Cratère ; puis elle avait mis à la voile dans l’intention d’aller au-devant du Rancocus, pour porter des nouvelles de la colonie, qui étaient toutes favorables, sauf