Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que affinité avec celle du droit commun, d’après lequel le prince est suzerain, et hérite de toutes les propriétés en déshérence. L’humilité, disons mieux, la justice de Marc, lui fit repousser tout d’abord cette doctrine. Il admit la souveraineté et les droits qui y sont attachés, mais ce ne fut pas en lui qu’il voulut qu’elle résidât, mais dans l’universalité des citoyens de la colonie. Du moment que la partie la plus intéressée envisageait la question sous ce point de vue, les autres n’avaient qu’à se soumettre. Les terres, dès lors furent déclarées propriété de l’État. Cependant des concessions importantes furent faites à Marc et à Bob Betts, qui avaient été, en quelque sorte, les pionniers et les premiers possesseurs, et un vote unanime confirma leurs droits. Le gouverneur Woolston reçut, pour sa part, un millier d’acres de terre au Pic, dont la contenance était d’environ trente mille acres ; il eut en outre une île d’une étendue à peu près égale, admirablement située au centre du groupe, et à une lieue à peine du Cratère. Bob Betts reçut cent acres, dans le voisinage aussi du Cratère, mais il refusa toute autre propriété, considérant son droit de premier possesseur comme suffisamment rétribué. Son raisonnement, du reste, n’était pas dépourvu de justesse. Lorsque, monté sur la Neshamony, il avait été malheureusement entraîné en pleine mer, le Récif, le rocher du Limon, l’île de Guano, et vingt ou trente autres rochers, voilà tout ce qu’il connaissait de terres au milieu de l’immensité de cet océan ; il n’avait jamais vu le Pic, avant que Marc en eût pris possession ; il ne revendiquait donc aucun droit sur ces dernières terres. Lorsque le conseil en fut à faire la part de chaque colon, il reçut la sienne, mais rien au delà. Heaton se vit donner deux cents acres au Pic, et autant dans les îles, en récompense de ses importants services. Un état de ces diverses cessions de terres fut aussitôt dressé et scellé du grand sceau de la colonie ; car, dans sa prévoyance, le gouverneur avait apporté du parchemin, de la cire, et un sceau à l’usage de ces nouveaux États. Le partage du reste des terres fut fait d’après un principe général : chaque citoyen mâle âgé de vingt et