Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/291

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un ans, reçut cinquante acres au Pic, et cent acres au Récif ; ceux qui n’avaient pas atteint cet âge, devaient attendre. On fit alors l’arpentage du terrain, et les différents lots furent numérotés et enregistrés par ordre. Puis on procéda au tirage en mettant dans une boîte les noms des ayants droit, et dans une autre un nombre de numéros correspondant. Le chiffre et le nom sortis furent inscrits, et les formules imprimées des titres de propriété furent remplies, signées, scellées, et remises aux titulaires. Nous disons imprimées, parce qu’on avait amené un imprimeur à bord du Rancocus, avec une presse et des caractères.

Comme une loterie n’a point à s’occuper des intérêts particuliers, il se fit, avant la délivrance des titres, des échanges, dans le but de rapprocher les uns des autres les amis et les parents. On vendit des terres au Pic, pour n’en posséder que dans le Récif et réciproquement. Il y avait, il faut le dire, des lots d’une valeur plus ou moins grande, suivant la convenance des colons. Comme tout avait été réglé d’après un même principe, et que le tirage avait eu lieu en public, il n’y avait pas lieu à réclamation. La plus grande différence dans la valeur provenait de ce que certains lots, moins mauvais pourtant qu’ils ne semblaient au premier abord, manquaient souvent d’eau douce et d’engrais. Ici la terre était trop forte ; là, couverte par les sables, elle ne pouvait produire : Heaton suggéra un expédient qu’il avait employé avec le plus grand succès, pendant l’absence du gouverneur ; c’était de mélanger les deux espèces de terre, et la fertilité des parties déjà travaillées de la sorte était remarquable.

Le transport du sable fut plus facile qu’on ne l’avait imaginé ; comme il était naturellement près de l’eau, on put le porter dans des bateaux par les nombreux canaux qui sillonnaient les îlots du Récif. Chacun put ainsi améliorer son lot sans grande peine, et les travaux furent poussés avec activité.

Il fallut un mois pour mettre tous les propriétaires en possession de leurs lots ; mais, au bout de ce temps, chacun put se