Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/295

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Woolston amena contre lui. Bien que celui-ci n’eût sur ses bâtiments qu’une quarantaine de Blancs, lorsque les chefs indiens aperçurent les canons, pas un n’eut la pensée de prendre l’offensive. Waally comprit aussitôt sa situation, et eut la sagesse de se soumettre à sa fortune. Il envoya au gouverneur un messager, porteur d’une branche de palmier, offrant de restituer au jeune Ooroony l’autorité de son père, et, quant à lui, de se retirer dans ses domaines privés. Telles étaient les bases du traité qui fut conclu, et dont l’accomplissement fut garanti par la remise de plusieurs otages. Waally consentit à tout ce que le gouverneur exigea, et les clauses furent faites à l’entière satisfaction des Blancs et du jeune Ooroony. Voici quelles étaient les principales :

En premier lieu, une centaine de jeunes Indiens furent choisis et donnés à Marc comme apprentis marins. C’étaient autant d’otages pour assurer la soumission de leurs parents ; de même que ces parents, sous la domination de la colonie, serviraient d’otages pour leurs enfants. Le gouverneur commençait à concevoir l’espérance de pouvoir établir entre la colonie et les Indiens des rapports de bonne amitié. En plaçant les jeunes sauvages à bord des différents bâtiments, Marc donna aux officiers des instructions très-positives, et leur recommanda beaucoup de bonté pour leurs jeunes élèves ; on devait leur apprendre en même temps à lire et les instruire dans la religion chrétienne. Le révérend M. Hornblower et la majeure partie des femmes de la colonie prirent un intérêt très-vif à ces nouvelles occupations. La justice et les bons traitements produisirent sur ces cent jeunes gens leur effet ordinaire ; tous, au bout d’un certain temps, étaient bien plus attachés au Récif et à ses usages qu’à leurs îles et à leurs premières habitudes. La mer, il n’en faut pas douter, était pour beaucoup dans ce progrès en civilisation car tout homme qui a pris goût à la vie de bord, ne peut plus s’accoutumer à la terre ferme.

Le gouverneur, en outre, embarqua au Groupe de Betto une centaine de recrues, non pas comme otages, ceux-là, mais