Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/304

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pas de longue durée, car, juste un an et huit jours après le départ du Rancocus du Groupe de Betto, le bon navire fut signalé ; les vigies du Pic annonçaient qu’il était à l’entrée de la Rade du Nord, et qu’il se préparait à jeter l’ancre. Aussitôt le gouverneur partit sur l’Anna, accompagné de Bob, et se dirigea vers le Rancocus, pour le conduire jusqu’au Récif. Marc et Bob étaient regardés comme les deux seuls hommes qui connussent assez les profondeurs données par la sonde pour piloter, sans danger, un si grand navire à travers les passes.

Lorsque le Rancocus héla l’Anna le capitaine Saunders parut sur la poupe ; et en réponse, cria : « Tout va bien ! « Ces mots rassurants soulagèrent d’un poids énorme Le cœur de Marc ; car l’absence engendre l’inquiétude et une foule de noirs pressentiments. Cependant tout à bord paraissait en bon état, et, à leur grande surprise les deux pilotes aperçurent, outre l’équipage, un grand nombre de têtes par-dessus des lisses du navire. Un peu plus loin une autre embarcation était en vue ; c’était, dit le capitaine Saunders, le brick la Jeune Poule, qu’il avait acheté pour le compte de la colonie et qu’il avait chargé de tout ce qui pouvait être le plus utile.

Il y avait à bord du Rancocus cent onze nouveaux émigrants. Toutes les relations d’amitié avaient été mises en œuvre, chacun avait cherché à faire des prosélytes, et n’avait que trop bien réussi, et il n’y avait pas eu moyen de diminuer le nombre. Marc fit contre fortune bon cœur, et son désappointement cessa en partie lorsqu’il apprit que les nouveaux venus étaient des gens précieux pour la colonie, tous jeunes, bien portants, d’une moralité incontestable, et de plus possédant plus ou moins de fortune. Ces recrues portèrent le chiffre de la population à plus de cinq cents hommes, parmi lesquels se trouvaient près de cent cinquante enfants, au-dessous de quatorze ans.

Les passagers furent charmés de pouvoir mettre pied à terre dans une petite île située près de la rade, et où les bâtiments trouvèrent un excellent mouillage. Un des colons, homme d’un grand sens, nommé Dunks, avait entrevu l’importance future