Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/308

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avait l’autre moitié, en retour du travail des colons et du droit qu’il avait d’imposer l’importation comme l’exportation. De cette seconde moitié, une partie était immédiatement divisée entre les colons, et le reste était emmagasiné.

Les produits du bois de sandal, du thé, etc., jusqu’à ce jour, avaient été très-avantageux, et avaient beaucoup contribué à l’aisance de la colonie. Une cargaison d’articles de peu de valeur, il est vrai, mais d’une grande utilité, avait pu être acquise à un prix bien inférieur au produit des thés achetés à Canton en échange du bois de sandal ; de telle sorte que Saunders, outre les deux cargaisons de ses bâtiments, apportait une somme considérable en espèces, qui fut versée moitié dans les coffres de l’État, moitié dans la caisse du gouverneur Woolston. Il y avait douze mois que l’argent circulait dans la colonie ; mais il ne fallut rien moins que cet arrivage de numéraire pour activer les transactions et arrêter le penchant à thésauriser, qui se manifestait déjà.

Nous pourrions à peine énumérer tous les articles qui furent apportés au Récif par les bâtiments ; ils comprenaient tout ce qui sert aux hommes dans les pays civilisés, depuis une meule jusqu’à des charrettes. Les épiceries étaient aussi en grande quantité, telles que thés, sucre, etc. ; objets bien moins répandus en Amérique il y a cinquante ans qu’à présent. Ces denrées furent mises entre les mains des marchands, qui les débitèrent en détail. Il y avait alors des boutiques régulières, trois au Récif et une au Pic, où l’on pouvait, à bas prix, se procurer tous les objets nécessaires. Le prix des marchandises était peu élevé, parce que l’État n’usait pas de son droit d’imposer les importations.

Que n’a-t-on pas dit et écrit de notre temps sur cette grande duperie appelée le libre échange ? Ce véritable mythe, objet des discussions de nos ancêtres de la Grande-Bretagne, et qui n’a jamais été expliqué par personne, ne trouble point les esprits en Amérique, où le commerce pourtant est libre dans la véritable acception du mot. Dieu merci, il n’y avait guère lieu au