Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

certaine, des Indiens à bord de la frégate, et la grave présomption que Waally était avec eux, le gouverneur n’aurait pas hésité à croire qu’il n’avait plus à craindre leur visite. Néanmoins, ils pouvaient se porter sur l’île Rancocus dont les moulins, la tuilerie, et même les principales maisons se voyaient de la pleine mer. C’était un danger qu’il fallait prévoir encore ; et, dès qu’on eut la certitude qu’ils s’éloignaient dans la direction du sud-est, une autre embarcation partit pour aller prévenir les meuniers, les tailleurs de pierres et tous les ouvriers, qu’ils verraient peut-être arriver bientôt des hôtes dont ils auraient grand besoin de se méfier.

On n’en continua pas moins observer l’escadre sur la cime du Pic comme de tous les points de l’île. Lorsqu’elle approcha du volcan, on la perdit de vue, sans doute parce qu’elle avait serré les voiles. Le gouverneur présuma qu’elle avait jeté l’ancre ; opération impossible près du Pic de Vulcain, qui, sorti d’un bond du sein de l’Océan, ne se prolongeait pas sous l’eau de manière à en diminuer la profondeur ; mais elle pouvait s’exécuter sans peine près de la plupart des autres îles où il se trouvait un fonds excellent, composé presque toujours de vase et de sable.

Le reste de la journée et toute la nuit suivante se passèrent dans une grande anxiété. Le lendemain matin on vit venir la chaloupe envoyée au Récif. Elle rapportait que la côte était libre au nord ; des messages avaient été expédiés à tous les établissements ; et l’Anna était partie pour rappeler tous les pêcheurs et pour apprendre l’état des affaires au capitaine Betts et à ses compagnons. Lors des dernières nouvelles, le Dragon et le Jonas étaient à croiser à cent milles au vent des îles, et il était important qu’ils fussent informés sans retard de l’approche des étrangers.

Le gouverneur approuva d’autant plus ces dispositions qu’elles lui permettaient de différer son départ. Le Pic était le point d’observation le plus favorable, et il désirait y rester jusqu’à ce que le moment de l’action fût arrivé. La surveillance la plus grande continua à s’exercer, mais on n’aperçut aucune voile de