Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/84

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capitaine avait l’intention d’assembler quand il serait arrivé au lieu de sa destination, afin de pouvoir croiser plus commodément au milieu des îles pour trafiquer avec les sauvages et transporter le bois de sandal. Marc déclara qu’il n’en avait jamais entendu parler, mais qu’une partie de la cale avait été remplie pendant qu’il était à Bristol, et que la chose n’était pas impossible. Bob convint qu’il n’avait jamais vu la pinasse en question, quoiqu’il eût été employé au chargement, mais il était sûr d’avoir entendu l’Ami Abraham White et le capitaine Crutchely parler ensemble de ses dimensions et de l’usage qu’on en pouvait faire. Si sa mémoire ne le trompait pas, ce devait être une embarcation plus grande même que la chaloupe, disposée pour recevoir des mâts et des voiles, et à demi pontée.

Marc écouta patiemment ces défaits, bien convaincu toutefois que l’honnête Bob était dans l’erreur. Sans doute il avait pu entendre le capitaine et l’armateur parler de quelque projet de ce genre ; mais s’il avait été mis à exécution, il était bien difficile que lui, son second, n’en eut eu aucune connaissance. Ce qui était certain, c’est qu’il y avait à bord une grande quantité de matériaux au moyen desquels on pourrait, avec le temps, — car il sentait mieux que personne que ce ne serait pas l’affaire d’un jour, — construire une embarcation quelconque, assez solide pour résister aux flots de cette mer ordinairement paisible, et les reconduire dans leur patrie.

Ce fut dans des entretiens de ce genre, dans l’accomplissement des devoirs religieux, dans un échange de conjectures sur le sort probable de leurs compagnons, que se passa ce saint jour du dimanche. Cette interruption dans leurs travaux ordinaires parut faire sur Bob une assez vive impression ; il suivit les différents exercices avec un zèle et une simplicité qui donnèrent beaucoup de satisfaction à Marc ; car tout en sachant bien que son ami était le meilleur garçon du monde, dans l’acception ordinaire de ce mot, il ne le croyait pas très-accessible aux idées religieuses. Mais le monde n’était plus là pour exercer sur Bob une influence délétère ; il en était séparé par une barrière pres-