Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/87

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avaient en abondance était potable, et elle s’était conservée assez fraîche dans l’entrepont. Lorsque les futailles qui avaient été portées au Cratère eurent été remplies, elles furent réunies ensemble, calées avec soin, et couvertes d’une vieille toile. Aucune distribution d’eau n’avait encore été faite au petit troupeau il en trouvait en abondance dans les cavités.

Betts ne négligeait pas la pêche, et il fournissait non-seulement la table, mais encore à la consommation des porcs et des poules. Plusieurs des poissons se trouvèrent délicieux ; d’autres allèrent grossir incontinent le tas des substances en décomposition. Il fit aussi une importation considérable de guano.

Un jour l’idée lui vint d’aller jeter ses filets dans une autre direction. Il passa au vent de « la muraille de lave », et il se dirigea un peu plus loin, vers un petit rocher nu, où il espérait trouver une espèce particulière de petits poissons qui feraient une friture délicieuse. Il y avait une couple d’heures que Bob était parti, lorsque Marc, qui était à travailler dans l’intérieur du Cratère, l’entendit tout à coup pousser de grands cris comme s’il appelait à son secours. Jetant aussitôt la pioche qu’il tenait à la main, Marc courut à sa rencontre, et ne fut pas médiocrement surpris de voir la nature de la cargaison avec laquelle son ami rentrait dans le port. Il paraîtrait qu’un grand amas d’herbes marines s’était formé au vent du rocher près duquel Bob était allé pêcher, et que là elles s’accumulaient en monceau ; puis, qu’à un moment donné, cette masse compacte, qui ne trouvait plus d’espace suffisant pour la contenir, se détachait tout à coup, et passait au sud du Récif en dérivant sous le vent, jusqu’à ce qu’elle atteignît quelque autre roche dans cette direction. Bob était parvenu à lui faire doubler une pointe du Récif, et, à l’aide du vent et du courant, il cherchait à lui faire prendre la route du Cratère. Il appelait Marc pour qu’il vînt l’aider dans cette manœuvre difficile car il eût été cruel, après toute la peine qu’il s’était donnée, de voir cette riche proie lui échapper, et passer devant l’île sans s’y arrêter. Le jeune marin comprit aussitôt le service qu’on attendait de lui ; il prit une corde,