Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/88

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réussit à la jeter à Bob, et, en la tirant à lui, il parvint à conduire la masse flottante sur le point de débarquement le plus favorable.

Ce surcroît de richesses leur venait très à point. Il y avait bien le volume de deux grandes charretées de foin. Il s’y trouvait beaucoup de petits coquillages, qui firent les délices de la basse-cour. Les poules y découvrirent aussi des graines à becqueter, et elles les cherchèrent avec la même avidité que si c’eût été du blé. Les porcs, de leur côté, firent grand honneur aux herbes. La pauvre Kitty était la seule qui n’eût pas toujours sa table servie comme elle l’eût désiré ; elle donna quelques coups de dent çà et là, mais d’un air à demi satisfait, et comme si elle doutait de la salubrité de ce mets de nouvelle espèce.

Quoiqu’il commençât à se faire tard, Marc et Bob prirent deux des fourches de l’ami Abraham White, — encore une attention du digne quaker pour les insulaires de Fejee, — et se mirent à rentrer toute la provision dans l’intérieur du Cratère, en laissant en dehors ce qui était nécessaire pour la consommation de la basse-cour.

À la fin de la seconde semaine, nos défricheurs tinrent conseil, et il fut arrêté qu’avant toute autre chose il fallait achever d’apprêter une plate-bande qui pouvait avoir une demi-acre d’étendue, la défoncer, y jeter de leur engrais, donner un coup de bêche, l’ensemencer, et recouvrir le tout d’une couche d’herbes marines. Malgré toutes les ressources inespérées qu’il avait trouvées, Marc ne se flattait pas encore d’un grand succès. Le limon lui paraissait froid et encore empreint de matières salines, malgré l’effet des eaux du ciel et il ne connaissait les propriétés du guano que par les explications confuses et incomplètes de Bob. Comment expliquer l’absence de toute végétation sur le Récif, si les substances dont il était composé renfermaient les principes de toute espèce de plantes ? Il avait bien lu que les terrains qui entourent les volcans actifs à une assez grande distance pour être à l’abri des ravages causés par la lave, étaient ordinairement d’une grande fertilité à cause des cendres et de