Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/93

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le sommet reçussent cette addition importante ; mais c’était un travail long et fatigant que de monter sur l’épaule les seaux l’un après l’autre. Bob établit en haut une poulie à l’aide de laquelle les seaux montaient et redescendaient sans fatigue, et la besogne s’en trouva singulièrement abrégée.

Après avoir pourvu à la conservation de son nouveau trésor, Marc se mit à semer les graines destinées à couvrir le sommet et les parois extérieures du Cratère ; car en dedans où la rampe était à pic, c’eût été peine perdue. Sans doute tout ne viendrait pas, c’était un espoir qu’il ne pouvait concevoir ; mais ne poussât-il par-ci par-là que quelques brins de verdure sur lesquels l’œil pût au moins se reposer, il se croirait encore grandement récompensé de ses peines. Bob le suivait pas à pas, mettant du guano partout où Marc déposait de la semence. Une pluie bienfaisante qui tomba bientôt après, humecta cette semence, la fit pénétrer dans ce qu’il pouvait y avoir de sol à la surface, et la mit, par conséquent, dans les conditions les plus favorables.

Ayant fait ce qui dépendait d’eux pour que la zone supérieure fût couverte de verdure, les intrépides horticulteurs descendirent dans la plaine du Cratère sur laquelle ils voulaient dessiner un jardin. Marc y fit preuve de beaucoup d’adresse et d’un talent véritable. La surface du plateau était recouverte d’une croûte composée de scories et de cendres durcies, croûte qui, sans être très-épaisse, aurait pu porter le poids d’une charrette. Cette croûte une fois brisée, ce qui n’était pas difficile avec des pinces et des pioches, les substances qu’elle recouvrait étaient assez molles pour l’usage qu’on voulait en faire, même sans qu’il fût besoin du secours de la bêche. L’espace ne manquait pas. Marc traça des allées qui serpentaient en zigzag au gré de sa fantaisie, laissant la croûte partout où il devait y avoir un chemin, et ne la brisant que là où il voulait établir une plate-bande. Ce travail était pour lui un véritable délassement ; il s’en amusait en même temps qu’il ne perdait pas de vue l’utilité qu’il en retirerait par la suite. Partout où l’on jetait de la semence, la couche, préparée avec soin, recevait toujours son contingent de limon et