Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/114

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CHAPITRE XI.


Je t’en prie, Catherine, tenons-nous à l’écart pour voir la fin de cette querelle.
Shakspeare. La méchante femme mise à la raison.


Pendant la discussion un peu vive rapportée dans le chapitre précédent, miss Howard s’était appuyé la tête sur un des bras du sofa, écoutant avec chagrin l’espèce de querelle qui venait de s’élever entre son oncle et sa cousine. Mais quand elle vit entrer un homme qu’elle ne croyait pas autorisé à se présenter devant elle sans sa permission, elle s’arma de toute la dignité de son sexe, et montra autant de fierté qu’aurait pu en déployer sa cousine, avec un peu plus de réserve peut-être.

S’étant levée sur-le-champ, elle dit froidement : — À quoi devons-nous la visite inattendue de M. Dillon ? Il ne peut ignorer qu’il nous est défendu d’aller dans la partie de la maison qu’il habite, et j’espère que le colonel Howard lui dira qu’il est juste qu’on nous permette de ne pas être interrompues dans notre appartement.

— Miss Howard n’aura plus de reproches à me faire, répondit Dillon d’un ton dont l’humilité calculée ne pouvait masquer tout son dépit, quand elle saura qu’une affaire importante m’amène près de son oncle.

— Cela change la face des choses, dit, dit le colonel ; mais les dames doivent toujours obtenir de nous le respect dû à leur sexe. Je ne sais trop comment moi-même j’ai oublié de me faire annoncer. Cela vient sans doute de ce que Borroughcliffe m’a poussé dans le madère plus avant que de coutume. Je n’en avais pas fait autant depuis que mon pauvre frère Harry et son digne ami Hugues Griffith… Au diable Hugues Griffith et toute sa race ! Pardon, miss Alix. Eh bien ! monsieur Dillon, de quoi s’agit-il ?

— J’apporte un message du capitaine Borroughcliffe. Vous vous souvenez, Monsieur, que cédant à vos désirs, les sentinelles sont changées chaque nuit.