Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/132

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CHAPITRE XIII.


Comment ! Lucia, veux-tu donc que je m’abandonne à des songes agréables, et que je me perde dans les pensées d’amour ?
Addison. Caton.


Il ne faut pas que le lecteur s’imagine que le mouvement du monde était suspendu pendant les scènes que nous venons de décrire. Lorsque les trois marins furent placés dans trois chambres séparées s’ouvrant sur le même corridor, dans lequel on posta une sentinelle chargée de les surveiller, la nuit était déjà bien avancée.

Le colonel Howard envoya prier Borroughcliffe de venir le joindre ; et dès que celui-ci fut arrivé, il lui adressa quelques excuses sur le changement survenu dans la manière dont ils comptaient passer la soirée ; ensuite, pour remplacer le thé et le café, il lui proposa de renouveler l’attaque sur le madère. Cette proposition était trop agréable au capitaine pour qu’il y fît aucune objection, et l’horloge de l’abbaye avait sonné minuit avant qu’ils se séparassent.

Pendant ce temps, Christophe Dillon était devenu invisible. Un domestique, questionné par son maître à ce sujet, répondit que M. Dillon était monté à cheval, et qu’il le croyait parti pour se rendre à ***, afin d’être prêt à suivre la chasse le lendemain à la pointe du jour. Mais tandis que les deux convives se livraient à leur humeur joyeuse en se racontant des histoires du bon vieux temps, et en s’entretenant de leurs campagnes, des scènes bien différentes se passaient dans une autre partie du bâtiment.

Lorsque le repos de l’abbaye ne fut plus interrompu que par le sifflement du vent et par les éclats de rire que poussaient de temps en temps le colonel et le capitaine assis d’une manière tout à fait confortable en face d’une bouteille, et qui retentissaient dans tous les corridors de la maison, la porte d’une chambre de la partie de l’édifice qu’on nommait le cloître s’ouvrit doucement,