Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/138

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Catherine, c’est lui ; sa folie présomptueuse l’a conduit ici. Mais le temps presse ; il faut l’éveiller, et le faire évader à quelque prix que ce soit.

— Eh bien ! pourquoi tardez-vous ? Éveillez-le !

— Griffith ! Édouard Griffith !

— Vous parlez trop bas, Cécile, pour éveiller un homme habitué à dormir au milieu du fracas des vents et des vagues, et il ne faut pourtant pas crier trop haut. Tirez-le par le bras ; on dit qu’il ne faut que toucher un marin endormi pour l’éveiller. Griffith ! répéta Cécile en appuyant légèrement une main sur le bras de son amant.

Le jeune marin tressaillit et se leva, les bras étendus, tenant d’une main un pistolet et de l’autre un poignard, dont on voyait briller la lame à la lueur des deux lampes, et dans cette attitude menaçante il s’écria :

— Éloignez-vous ! il faut m’arracher la vie pour me faire prisonnier !

Ses yeux égarés, son air effrayant, épouvantèrent Cécile, qui recula de quelques pas. Laissant alors tomber la mante qui l’enveloppait, elle jeta sur lui un regard plein de douceur et de confiance, qui démentait la crainte que sa retraite avait annoncée.

— C’est moi, Édouard, lui dit-elle ; c’est Cécile Howard : je viens vous sauver. Vous êtes reconnu, malgré votre déguisement ingénieux.

Le poignard et le pistolet tombèrent en même temps sur le plancher, et les yeux du jeune marin, perdant à l’instant leur expression menaçante, ne grillèrent plus que de plaisir.

— La fortune me favorise enfin ! s’écria-t-il ; que de bonté, Cécile ! c’en est plus que je ne mérite ; beaucoup plus que je ne l’espérais. Mais vous n’êtes pas seule.

— C’est ma cousine ; c’est Catherine. Ce sont ses yeux perçants qui vous ont reconnu, et elle a bien voulu m’accompagner pour vous engager à fuir sans délai, pour vous y aider, s’il est nécessaire. Quelle cruelle folie, Griffith, que de tenter ainsi votre destin !

— L’ai-je donc tenté mal à propos ? miss Plowden, c’est vous que je dois prier de prendre ma défense et de me justifier.

— Votre servante, monsieur Griffith, répondit Catherine après avoir hésité un instant, et avec un air de mécontentement. Je