Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/224

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est certainement plus… Votre Honneur sait qu’il peut compter sur moi.

— Je le sais, Drill, répondit le capitaine, et ce que je vous recommande en ce moment, c’est de garder le silence et de dire à vos soldats d’en faire autant. Quand l’heure de parler sera arrivée, je vous garantis que nous ferons assez de bruit : Ce combat a été acharné, sergent, ajouta-t-il en secouant la tête d’un air grave ; voyez les morts, voyez les blessés ! Un bois sur chaque flanc, une ruine au centre ; oh ! l’encre ne sera pas épargnée pour donner de l’effet à tous ces détails. Allez rejoindre votre troupe, et qu’on se prépare à marcher.

Éclairé sur les vues ultérieures de son commandant, le sous-officier alla communiquer à ses soldats les instructions qu’il venait de recevoir, et fit sur-le-champ les dispositions nécessaires pour se mettre en marche, de peur qu’une renommée indiscrète ne proclamât la gloire de cette journée avant Borroughcliffe ; il donna l’ordre de laisser les corps morts où ils se trouvaient, dans l’espoir qu’on ne les découvrirait pas très-promptement dans un endroit si retiré, et il résolut d’attendre l’obscurité pour les faire enterrer. Les blessés furent transportés sur des espèces de brancards formés des fusils et des capotes des prisonniers, et les vainqueurs se mirent en marche en bataillon serré, plaçant les vaincus au centre, afin de les dérober autant que possible aux regards des passants que le hasard pourrait leur faire rencontrer. On avait pourtant peu de chose à appréhender à cet égard. Les bruits exagérés qui avaient couru dans tous les environs y avaient répandu l’alarme et la terreur, et personne n’aurait osé se hasarder dans le voisinage de l’abbaye de Sainte-Ruth, ordinairement si paisible et si tranquille.

Le détachement sortait du bois quand un bruit dans les broussailles et un bruissement de feuilles mortes annoncèrent que d’autres personnes avançaient du même côté.

— Serait-ce une de leurs patrouilles ? s’écria Borroughcliffe avec un air de mécontentement marqué. C’est le même bruit que ferait un régiment de cavalerie. Au surplus, Messieurs, vous reconnaîtrez vous-mêmes que l’affaire était complètement terminée avant l’arrivée du renfort, si par hasard c’en était un.

— Nous ne sommes pas disposé à vous refuser la gloire d’avoir remporté seul la victoire, Monsieur, répondit Griffith en jetant