Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/241

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— Vous avez vu l’anse dans laquelle se jette une petite rivière ? lui dit Barnstable à voix basse.

Tom ne lui répondit que par un signe affirmatif.

— Vous nous y trouverez, reprit Barnstable ; à peu de distance du rivage. Il ne faut pas accorder trop de confiance à un ennemi.

Le contre-maître fit avec son harpon un geste expressif pour indiquer le danger que couraient leurs prisonniers s’il était de mauvaise foi, et appuyant sur les rochers le bois de son harpon ; dont il tenait la pointe en l’air de peur de l’émousser, il gravit le ravin, et fut bientôt à côté de son compagnon.


CHAPITRE XXII.


Laissez-le moi pour compagnon, il a l’air de faire un soldat de sang-froid.
Shakspeare. Henry V.


Barnstable resta quelques minutes sur le rivage, c’est-à-dire tant qu’il put entendre le bruit des pas de Dillon et du contre-maître. Remontant alors sur sa barque, il donna ordre à l’équipage de la diriger vers l’anse qu’il avait désignée à Tom Coffin comme l’endroit où il attendrait son retour.

Pendant qu’il s’y rendait, il commença à concevoir des craintes sérieuses sur la bonne foi de son prisonnier. Maintenant que Dillon n’était plus en son pouvoir, son imagination lui représenta plusieurs petites circonstances dans la conduite de ce jeune homme qui pouvaient inspirer des doutes sur sa sincérité. Ce fut le seul objet de ses réflexions ; et quand il fut arrivé au lieu du rendez-vous, et qu’il eut fait jeter un petit grappin à la mer, ses craintes l’agitèrent de plus en plus. Nous le laisserons pourtant se livrer à des inquiétudes qui n’étaient pas tout à fait sans motif, et nous suivrons Dillon et son intrépide compagnon, qui ne concevait aucun soupçon, dans leur marche vers l’abbaye.

Les vapeurs dont il avait été question dans la discussion qui s’était élevée sur le temps entre le contre-maître et son comman-