Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/299

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— Ceci ? répéta le marchand en hésitant avec un air moitié de doute, moitié d’humeur, c’est… c’est…

— Savez-vous bien, capitaine, s’écria Catherine, qu’il n’est guère galant de retenir trois dames qui meurent d’envie de faire leurs emplettes, pour demander le nom d’une aiguille à broder au tambour ?

— Il est vrai que j’ai tort de faire des questions auxquelles il est si aisé de répondre, mais j’en trouverai peut-être de plus difficiles.

Prenant alors dans le panier quelque chose qu’il plaça dans sa main, de manière à ne le laisser voir que du colporteur :

— Ceci doit avoir un nom, dit-il. Quel est-il ?

— C’est… on l’appelle quelquefois… un fausset[1].

— Un fausset ! vous voulez peut-être dire une fausseté ?

— Une fausseté, Monsieur ! s’écria le colporteur en relevant la tête avec fierté.

— Oh ! seulement une petite. Comment nomme-t-on cela communément dans ce pays, miss Dunscombe ?

— Nous l’appelons en général une brochette, répondit-elle avec son ton de douceur ordinaire.

— Fausset, brochette, c’est la même chose ! s’écria le colporteur.

— Le croyez-vous ? reprit le capitaine avec une affectation d’ironie. Il me semble que pour quelqu’un de votre profession vous connaissez bien peu les termes courants de votre métier. Jamais je n’ai vu un jeune homme de votre âge qui fût si ignorant. Je parie que vous ne connaissez pas le nom de cela, de cela, ni de cela.

Et en parlant ainsi le capitaine tirait de sa poche les différents objets dont le contre-maître de l’Ariel s’était servi la nuit précédente pour s’assurer de sa personne.

— Cela, s’écria le colporteur avec la vivacité d’un homme qui veut rétablir sa réputation, c’est du merlin ; de la cordelle et du quarantinier.

— Suffit ! suffit, dit Borroughcliffe ; je vois que vous connaissez suffisamment votre métier, quoique vous ne connaissiez rien à ces marchandises. Monsieur Griffith, ce jeune homme fait partie de votre équipage.

  1. Comme l’objet importe peu, et qu’il s’agit avant tout du quiproquo dans la pensée de l’auteur, le traducteur a traduit ici par un équivalent.