Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/312

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déterminer quand les circonstances exigeaient de la promptitude et de la résolution, et jetant sur ses épaules une mante qu’elle avait préparée, elle sortit avec précaution.

Agitée de la crainte que Borroughcliffe n’eût appris quelque chose qui pût compromettre la sûreté de son amant, dès qu’elle arriva en plein air, elle eut soin de regarder de tous côtés pour voir si l’on avait fait aux arrangements ordinaires de défense de l’abbaye quelque changement qui pût confirmer ses soupçons, et la mettre en état de donner à Barnstable les instructions nécessaires à son plan. Ses recherches ne lui firent rien découvrir ; rien n’avait été changé aux dispositions prises depuis que Griffith et ses compagnons avaient été faits prisonniers. Elle entendit la marche mesurée de la sentinelle placée sous les fenêtres des captifs, et qui cherchait à se réchauffer en parcourant à grands pas le court espace dont elle ne devait pas s’écarter. Un autre bruit frappa son oreille ; mais ce n’était que celui des armes du soldat en faction, suivant la coutume, devant le bâtiment qui servait de caserne à ses camarades.

La nuit était obscure et le ciel chargé de nuages ; l’ouragan avait considérablement diminué de violence vers la fin du jour, mais le vent avait encore assez de force pour se faire entendre de temps en temps quand il frappait les murs irrégulièrement construits de cet édifice, et il fallait une oreille aussi fine qu’attentive pour distinguer au milieu de ce bruit celui des armes d’un soldat ou de la marche d’un autre. Quand miss Plowden fut bien assurée que ses organes ne l’avaient pas trompée, elle jeta un regard d’inquiétude du côté du bâtiment que Borroughcliffe appelait ses casernes ; il était plongé dans le silence et dans l’obscurité, et cette tranquillité profonde de soldats ordinairement joyeux et bruyants lui inspira de nouvelles craintes. Étaient-ils déjà endormis ? avaient-ils reçu ordre de garder le silence et de se tenir prêts à paraître au premier signal ? C’était ce qu’elle ne pouvait deviner.

Les circonstances ne lui permettant pas d’hésiter plus longtemps, Catherine serra la mante qui l’enveloppait, et se mit en marche d’un pas léger et sans bruit pour se rendre à l’endroit où elle avait donné rendez-vous à Barnstable. Comme elle y arrivait, la cloche de l’abbaye sonna neuf heures, et elle s’arrêta tandis que le vent en apportait le son à ses oreilles comme si elle avait