Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/313

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cru que chaque coup qu’elle entendait était un signal qui allait démasquer quelque secret dessein du capitaine Borroughcliffe. Lorsque la dernière vibration de l’airain eut cessé de se faire entendre, elle ouvrit la petite porte et se trouva sur le grand chemin. Un homme caché derrière un angle du mur s’élança aussitôt vers elle, et son cœur battait encore d’alarme à cette apparition si subite, quand elle se trouva près de Barnstable. Après quelques moments donnés au plaisir qu’il goûtait en la revoyant, le jeune marin apprit à sa maîtresse le naufrage de son schooner, et la situation dans laquelle se trouvaient alors ceux qui avaient survécu à ce malheureux événement.

— Et maintenant, Catherine, finit-il par lui dire, j’espère que vous êtes venue ici dans le dessein de ne plus me quitter, ou du moins que si vous retournez dans cette vieille abbaye, ce ne sera que pour m’aider à délivrer Griffith, et en sortir ensuite avec moi pour ne jamais nous séparer.

— En vérité, Barnstable, la description que vous venez de me faire de votre naufrage et de tout ce qui l’a suivi est une tentation bien puissante. Rien ne peut présenter plus d’attraits à une jeune fille pour l’engager à renoncer à sa maison et à ses amis, et je ne sais s’il me sera possible de résister à une offre si séduisante. Vous vous êtes procuré une charmante habitation dans les ruines et je suppose que vous mettrez à contribution les environs pour vous fournir ce qui peut vous y manquer. Certainement vous trouverez à l’abbaye de Sainte-Ruth beaucoup d’objets qui pourraient vous être utiles. Il n’y a qu’une chose qui n’embarrasse, c’est de savoir si l’on ne nous donnerait pas bientôt pour logement le château d’York ou la prison de Newcastle. Qu’en pensez-vous ?

— Est-il possible que vous vous amusiez ainsi à un vain badinage, Catherine, quand les moments sont si précieux, quand les circonstances sont si pressantes !

— N’appartient-il pas à une femme de songer à tout ce qui concerne l’intérieur d’une maison, de veiller à ce qu’il n’y manque rien ? Je voulais remplir mes fonctions de manière à me faire honneur ; mais votre ton me fait comprendre que vous vous impatientez ; car la nuit est trop obscure pour que je puisse bien distinguer vos traits rembrunis. Eh bien ! parlez vous-même. Quand et comment commencerons-nous à tenir maison, si je consens à ce que vous me proposez ?