Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/325

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Borroughcliffe (si tel est votre nom), vous devez voir que toute résistance serait inutile. J’ai dans cette chambre dix bonnes piques et vingt bras exercés à les manier ; ce serait une folie que de vouloir résister à un nombre si supérieur.

— Déployez vos forces, dit Borroughcliffe, afin que je puisse consulter mon honneur.

— Votre honneur sera satisfait, mon brave capitaine, répondit Barnstable ; car je dois rendre justice à votre bravoure, quoique votre uniforme soit mon aversion, et que vous soyez armé pour une cause impie. En avant, camarades ! mais n’allez pas à l’abordage sans ordre.

Cet ordre était à peine donné que dix marins vigoureux se précipitèrent dans l’appartement ; malgré leurs regards menaçants, leurs vêtements en désordre et leur air presque sauvage, ils ne frappèrent pas un seul coup, et ne commirent aucun acte d’hostilité. Pendant que cette troupe effrayante, quoique peu nombreuse, prenait ainsi possession de la chambre, les trois dames épouvantées se retirèrent dans un coin, et Borroughcliffe lui-même recula derrière la table à peu de distance d’une porte qui jusqu’à un certain point pouvait couvrir sa retraite.

La confusion occasionnée par ce mouvement subit durait encore quand un nouveau bruit se fit entendre d’un autre côté. Plusieurs hommes semblaient approcher d’un pas rapide, et presque au même instant la porte donnant sur la galerie s’ouvrit avec violence, et l’on vit entrer deux soldats de la garnison de l’abbaye serrés de près par quatre marins ayant à leur tête Griffith, Manuel et Merry, qui venaient d’être délivrés à l’instant où ils s’y attendaient le moins, et armés des tout ce qui leur était tombé sous la main au moment de leur délivrance.

Un mouvement de la part des marins qui étaient déjà maîtres de l’appartement, menaça de mort les deux fugitifs ; mais Barnstable rabattit leurs piques avec son épée, et leur défendit d’en venir à aucune voie de fait. La surprise produisit le même résultat parmi ceux qui venaient d’arriver. Les deux soldats se réfugièrent derrière leur capitaine ; les captifs délivrés se joignirent à Barnstable et à ses compagnons, et la tranquillité, qui avait été si soudainement interrompue, ne tarda pas à se rétablir.

— Vous le voyez, Monsieur, dit Barnstable après avoir serré la main cordialement à Griffith, à Manuel et à Merry, tous mes