Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/345

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CHAPITRE XXX.


Un chef se rendant aux Highlands s’écrie : Batelier, dépêche-toi, et je te donnerai une livre d’argent pour nous passer de l’autre côté du rivage.
Campbell. La fille de lord Ullin.


Le firmament avait été sans nuages pendant toute la journée, et des milliers d’étoiles brillaient alors à travers une atmosphère glacée. À mesure que les yeux s’accoutumaient à la différence de lumière, ils distinguaient mieux les objets environnants. En tête de la ligne qui s’étendait le long d’un sentier étroit marchait un peloton de soldats de marine, de ce pas ferme et régulier auquel on reconnaît une troupe disciplinée. Il s’étaient suivis par un corps nombreux de marins armés de piques, de mousquets et de coutelas, marchant confusément, et dont la disposition à se livrer au désordre et à une agitation grossière, maintenant qu’ils se trouvaient sur la terre ferme, pouvait à peine être contenue par la présence et les réprimandes sévères de leurs officiers. Au centre de cette masse étaient les soldats du capitaine Borroughcliffe et les domestiques du colonel Howard, auxquels leurs gardes ne semblaient faire attention que pour chercher l’occasion de quelques plaisanteries.

Le colonel Howard, appuyé sur le bras de Borroughcliffe, marchait à quelque distance ; tous deux gardaient un profond silence et se livraient à l’amertume de leurs réflexions. Miss Howard les suivait pas à pas avec miss Dunscombe qui lui donnait le bras, et elles étaient entourées de quelques femmes faisant partie des domestiques de Sainte-Ruth. Catherine Plowden était aussi dans ce groupe ; elle marchait seule, toujours d’un pied agile, mais avec cette retenue ordinaire à son âge et à son sexe, elle cherchait à cacher sa satisfaction intérieure sous un air de mécontentement de sa captivité. Barnstable, à quelques pieds d’elle, suivait des yeux tous ses mouvements avec délices ; mais il se soumettait à ce qu’il appelait le caprice de sa maîtresse, dont les