Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/354

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Griffith se détourna sans lui répondre, et s’éloigna d’un air hautain, comme s’il eût dédaigné d’avoir aucune communication avec son ancien ami.

Barnstable attendit quelques instants, par suite de la déférence qu’une longue habitude lui donnait pour un officier supérieur, et qu’un mouvement de colère impétueuse ne pouvait déraciner. Mais s’apercevant que Griffith n’avait pas intention de revenir, il sauta dans la barque et ordonna aux marins de la mettre à flot.

— Tirez ! poussez ! s’écria-t-il, ne vous inquiétez pas d’une jaquette mouillée ! J’ai vu plus d’un brave homme aborder sur ce rivage par un temps bien pire que celui-ci. Tournez la proue à la mer ! C’est bien ! Allons, prenez les rames maintenant.

On obéissait avec empressement aux ordres du jeune lieutenant. La barque flottait déjà sur les vagues toujours agitées près des brisants, mais qui n’étaient plus ni menaçantes ni dangereuses. Les marins réuniront tous leurs efforts, et leurs bras vigoureux agitant les rames avec célérité, la barque sillonna la pleine mer en se dirigeant vers l’endroit où l’on supposait que l’Alerte attendait.


CHAPITRE XXXI.


Quel était sont but ? un seul. Cruellement offensé, il armait son bras pour se venger de son pays.
Thompson.


Miss Dunscombe restait sur les sables, suivant des yeux le point noir que les vagues et l’obscurité de la nuit dérobèrent bientôt à sa vue, et écoutant ensuite avec un intérêt mélancolique le bruit mesuré des rames, qui se fit entendre longtemps encore après que la barque eut cessé d’être visible. Quand son imagination lui rappela seule les amies qui venaient de la quitter, elle s’éloigna du bord de la mer, où elle laissa les marins s’occupant à leur tour des préparatifs de leur embarquement. Elle gravit lentement le ravin, et parvint bientôt au sommet des rochers sur lesquels elle s’était si souvent promenée, jetant encore un regard sur l’Océan avec les sentiments naturels à sa situation.