Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/369

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donc sans délai ; et si jamais vous revenez en Angleterre comme ami ; songez qu’il faut que je vous voie.

— Je n’y manquerai pas, et je vous demande la même promesse, si jamais vous remettez le pied en Amérique.

— Comptez-y bien ! j’aurai besoin de votre excellente tête pour me guider parmi vos habitants des bois. Adieu ; conservez-moi toujours une place dans votre souvenir.

— Je ne vous oublierai jamais, mon digne ami, répondit Manuel en portant encore la main sur sa tête où il sentait des battements si violents qu’il lui semblait les entendre. Enfin, après s’être de nouveau serré la main et s’être fait de nouvelles promesses de se revoir, les deux braves se séparèrent comme deux amants qu’on force à se quitter, et avec une cordialité qui laissait bien loin amitié si vantée d’Oreste et de Pylade.


CHAPITRE XXXII.


Allons, répondez-moi. Arrêtez-vous et découvrez-vous.
Shakspeare. Hamlet.


Pendant le temps qui s’était écoulé depuis la descente du pilote et de ses compagnons, l’Alerte, alors sous les ordres de M. Boltrope, quartier-maître de la frégate, courait des bordées à peu de distance des côtes en attendant des nouvelles du succès de l’entreprise. Vers la fin du jour le vent avait passé peu à peu du nord-est au sud, et vers le milieu de la nuit, le vieux et prudent marin qui, comme le lecteur peut se le rappeler, avait montré dans le conseil de guerre une répugnance si prononcée à mettre le pied sur le sol britannique, ordonna à celui qui tenait le gouvernail du cutter de se diriger hardiment vers la terre. Quand la sonde l’avertit qu’il ne serait pas sage d’en approcher davantage, il ordonna une manœuvre contraire, et l’on continua à employer ainsi plusieurs heures, en attendant nos aventuriers.

Boltrope avait passé une grande partie de sa vie à commander