Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/408

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voir la cérémonie ; il avait répondu avec ferveur amen à chaque prière, et quand les derniers mots eurent été prononcés, il se laissa, retomber sur le sofa avec un air de satisfaction qui annonçait l’intérêt qu’il avait pris à cette scène.

— Je vous remercie, mes enfants, dit-il à ses pupilles ; je vous remercie, car je sais quel sacrifice j’ai demandé à votre délicatesse. Messieurs, vous trouverez toutes les pièces relatives à la fortune de mes pupilles entre les mains de mon banquier à Londres. Vous trouverez aussi mon testament, Édouard, et vous y verrez que, Cécile ne tombe pas dans les bras d’un homme tout à fait dépourvue des biens de ce monde. Vous avez été satisfaits de ce que sont devenues mes deux pupilles sous ma tutelle ; mais vous reconnaîtrez aussi que je n’ai pas été un administrateur infidèle de leur fortune.

— N’en parlez pas ! Ne dites pas un mot de plus, ou vous me briseriez le cœur, s’écria Catherine en sanglotant, et avec l’amer regret d’avoir jamais contrarié un tuteur si plein de bonté : Parlez de vous ! Pensez à vous ! Ne vous occupez plus de nous, nous en sommes indignes ; je le suis du moins.

Le vieillard mourant lui tendit la main d’un air cordial et reprit la parole, quoique sa voix s’affaiblît de plus en plus.

— Eh bien ! pour en revenir à moi, je désire être enseveli comme mes pères dans le sein de la terre, et d’une terre consacrée.

— Vos volontés seront exécutés, dit Griffith ; je veillerai moi-même à leur exécution.

— Je vous remercie, mon fils, car vous êtes devenu mon fils, en devenant l’époux de Cécile. Vous verrez dans mon testament que j’ai donné la liberté à tous mes esclaves, et que je leur ai assuré des moyens d’existence, à l’exception de ces ingrats coquins qui ont abandonné leur maître et qui se sont donné la liberté eux-mêmes : il est inutile qu’ils m’en soient redevables. Vous y trouverez aussi, Édouard, un legs indigne d’être présenté à un roi ; mais si Sa Majesté daigne le recevoir d’un vieux et fidèle serviteur, vous ne regretterez pas cette bagatelle ;

À ces mots succéda une assez longue pause, pendant laquelle le colonel semblait réfléchir s’il s’était acquitté de tous les devoirs qu’il avait à remplir en ce monde. Enfin il reprit la parole, mais d’une voix entrecoupée et plus faible que jamais.