Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/416

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qui semblait glisser sur l’Océan, et sur lequel il eut les yeux fixés jusqu’à ce que le point noir qui les attirait encore eût disparu sous l’éclat que jetaient sur les vagues les rayons obliques du soleil couchant. Enfin il ordonna qu’on déployât les voiles pour entrer dans un port ami.

Pendant ce court trajet, l’équipage du cutter se livrait aux conjectures les plus bizarres et les plus extraordinaires sur l’apparition du pilote mystérieux, et sur sa disparition encore plus singulière, pour ainsi dire, au milieu des mers orageuses du nord. Griffith ne laissa pas échapper un sourire et ne parut pas même écouter leurs discours. Enfin on lui annonça le retour de la petite barque, qui entrait dans le port sous une voile de tréou, en même temps que le cutter. Alors ses yeux, reprenant leur éclat et leur vivacité, auraient annoncé à de meilleurs observateurs quel soulagement il éprouvait en apprenant par là que le pilote était arrivé en sûreté à sa destination.


CHAPITRE XXXV.


Venez tous, ô vous, chefs de l’Océan ; inclinez-vous, phalange valeureuse, autour de votre frère, silence à tout murmure capable de troubler son sommeil, et veillez sur les lauriers qui ombragent la tête de votre ami.
Vers sur Tripp.


Il serait peut être sage de faire tomber ici devant les yeux du lecteur le rideau du théâtre sur lequel nous lui avons présenté ce drame imparfait, et de laisser à son imagination le soin de distribuer lui-même les dons de santé, de richesse et de bonheur que les règles strictes de la justice poétique doivent accorder aux différents personnages de notre histoire. Mais comme nous ne sommes pas disposé à nous séparer si froidement de ceux avec qui nous avons eu si longtemps des relations amicales, et que tout ce qui peut nous rester à dire est aussi véritable que ce que nous avons déjà dit, nous ne trouvons aucune raison valable pour con-