Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE VII.


Parlez, Sempronius.
Addison. Caton.


Les préparatifs du conseil avaient été aussi courts qu’ils étaient simples. Le vieux commandant de la frégate reçut ses officiers avec des égards pointilleux, et, leur montrant les chaises placées autour d’une table qui occupait le centre de la cabane et qui y était clonée, il s’assit en silence, et chacun suivit son exemple sans autre cérémonie. Les droits du rang et de l’ancienneté furent pourtant observés strictement. À droite du capitaine était placé Griffith, comme tenant le premier rang après lui, et le commandant du schooner était à sa gauche. Le capitaine Manuel était assis près de Griffith, et les autres officiers suivaient, d’après l’ordre de préséance, jusqu’à l’autre bout de la table, qui était occupé par un homme ayant des membres d’athlète avec des traits durs, et qui remplissait la place de premier quartier-maître de la frégate.

Lorsque tout le monde fut placé et que le silence fut établi, le commandant, qui désirait avoir les avis de ses officiers inférieurs, ouvrit la séance en leur faisant part de l’objet sur lequel il voulait connaître leur opinion.

— D’après mes instructions, Messieurs, leur dit-il, je devais, après être arrivé sur les côtes d’Angleterre…

Voyant Griffith lever respectueusement la main en signe de silence, le vétéran s’interrompit pour lui demander la cause de ce geste.

— Nous ne sommes pas seuls, dit le lieutenant en jetant un coup d’œil dans un coin de la cabane où le pilote, assis devant une petite table, semblait donner toute son attention à l’examen d’une carte marine.

Le pilote l’entendit et le comprit fort bien ; mais il ne fit pas un geste, et ses yeux ne quittèrent pas un instant la carte qu’il paraissait consulter.