Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/74

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— Un meilleur ! s’écria-t-il, oui, sans doute ; un plan qui n’exige ni délai, ni embarras. C’est un coup de main de marine dont il s’agit, et c’est par le moyen de la marine qu’il faut l’exécuter.

— Pardon, monsieur Barnstable, dit le capitaine Manuel, à qui son orgueil militaire ne laissait aucun goût pour la plaisanterie, s’il y a quelque service à faire sur terre, je réclame comme un droit d’y être employé.

— Réclamez tout ce qu’il vous plaira, capitaine ; mais que voulez-vous faire avec une poignée de gens qui ne savent pas seulement distinguer la poupe d’un bâtiment d’avec sa proue ? Croyez-vous que pour commander la manœuvre sur une chaloupe ou un cutter qui s’approche des côtes, il n’y ait qu’à dire demi-tour à droite ou à gauche, comme à vos soldats ? Non, non, capitaine Manuel ; j’honore votre courage, car je l’ai vu à l’épreuve, mais du diable si…

— Vous oubliez que nous attendons votre plan, monsieur Barnstable, dit le vétéran.

— Je vous demande un peu de patience, Monsieur, répondit Barnstable ; il n’est besoin d’aucun plan. Faites-moi connaître les gisements et la distance de l’endroit où l’on peut trouver les gens dont vous désirez vous emparer, et je me charge de l’affaire en supposant une mer calme et point de rochers. Vous m’accompagnerez, monsieur le pilote ; car je crois que vous avez dans la tête une meilleure carte du fond de ces mers qu’on en ait jamais fait d’aucune partie de la terre. Je chercherai un bon ancrage, ou, si le vent souffle de la côte, le schooner se tiendra bord sur bord jusqu’à ce que nous soyons prêts à reprendre le large. Je prendrai, pour débarquer, ma barque avec Tom Coffin et un équipage complet, et, me rendant à l’endroit que vous m’aurez indiqué, je m’emparerai des hommes que vous voulez avoir, et je les amènerai à bord. C’est une expédition tout à fait navale ; mais comme le pays est assez bien peuplé, il sera bon d’attendre les ombres de la nuit pour exécuter notre incursion à terre.

— Monsieur Griffith, dit le capitaine, nous n’attendons que votre avis, et alors, en comparant les opinions, nous pourrons décider quel parti est le plus prudent.

Le premier lieutenant, pendant toute cette discussion, avait été absorbé dans ses rêveries, et n’en était peut-être que mieux préparé à donner son opinion. Montrant le pilote qui était der-