Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/82

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prêts à le suivre jusqu’au bout du monde. Fier et satisfait de ce mouvement unanime de bravoure, il tourna la tête à droite et à gauche pour chercher Barnstable ; mais le voyant occupé, au bout du gaillard d’arrière, à lire quelques papiers, il se mit à faire un choix (impartial, dit-il) parmi ces rivaux de gloire ; mais, malgré cette impartialité, il eut grand soin de prendre pour l’accompagner les plus braves et les plus vigoureux de ses soldats, et de ne laisser sur le vaisseau que ce qu’il regardait comme le rebut.

Tandis que le capitaine était occupé de cette opération que l’équipage regardait avec le plus vif intérêt, Griffith monta sur le pont, le visage animé d’un enthousiasme plus qu’ordinaire, et les yeux pétillants d’une gaieté qu’on n’avait pas remarquée en lui depuis longtemps. À peine avait-il eu le temps de donner ses ordres aux marins qu’il comptait emmener avec lui sur le schooner, que Barnstable lui fit signe de le suivre, et l’emmena de nouveau dans la grand’chambre.

— Que le vent souffle tant qu’il voudra, dit Barnstable à son ami dès qu’ils furent assis, il n’y a pas moyen de débarquer sur la côte orientale d’Angleterre, tant que la mer sera si grosse. Mais convenez que cette Catherine est faite pour être la femme d’un marin, Griffith ! Voyez quel recueil de signaux elle a formé, tous puisés dans son imagination fertile !

— J’espère que l’événement prouvera que vous ne vous trompez pas, répondit Griffith, et que vous serez l’heureux marin qu’elle aura pour époux. Elle a vraiment fait preuve en cela d’une adresse surprenante. Où diable a-t-elle pu si bien apprendre le système et la méthode des signaux ?

— Où ? Eh ! parbleu, où elle a appris encore mieux à apprécier le cœur d’un marin qui l’aime sans partage, par exemple. Croyez-vous donc, Griffith, que ma langue ait été clouée à mon palais, lorsque nous étions tête à tête sur les bords de la rivière dans la Caroline, et que je n’aie rien trouvé à lui dire ?

— Amusiez-vous votre maîtresse avec des traités sur l’art de la navigation et la science des signaux ? lui demanda Griffith en souriant.

— Je répondais à ses questions, monsieur Griffith, comme l’aurait fait tout honnête marin causant avec une femme qu’il aurait aimée. Elle est aussi curieuse qu’aucune de nos conci-